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                LES TABLEAUX D'ALBERT DURER                          245
 formant le nombre. 192. Ces chiffres paraissent d'une époque
 ancienne, le pied du chiffre 1 est ouvert en rais de cœur; les deux
 autres chiffres ont une forme lourde et grosse qui se retrouve dans
 des inscriptions analogues des premières années du dix-septième
 siècle. Ce chiffre pourrait servir à la recherche des origines de ce
 tableau, s'il se retrouvait sur quelque ancien catalogue ; je le note au
 passage.
    Le tableau d'Albert Durer se trouve compris dans l'envoi fait
 au Musée de Lyon en 1811 par le gouvernement impérial, c'est
 probablement l'un des trophées de ses conquêtes en Allemagne.
 Seulement dans l'état qui fut dressé de cet envoi, il est question de
la « duchesse de Bourgogne ». (V. Cat. du Mus. de Lyon, par
Martin-Daussigny.) Or, Marie de Bourgogne, impératrice d'Alle-
magne, était morte, et oubliée de son époux remarié, en 1506..
    Le début de notre Musée fut modeste. Dix ou douze tableaux
étaient la propriété de la ville en 1806 ; ils étaient déposés dans
l'infirmerie de l'ancien monastère des dames de Saint-Pierre. Ils
n'ont pas eu loin à aller pour être accrochés en belle place. Malheu-
reusement la notice de M. Thierriat, conservateur des Musées de
Lyon, et rédacteur de la notice placée en tête du catalogue de 1868,
reste muette sur la description de ces tableaux, sur leur origine,
et rien ne nous apprend quels étaient ces douze tableaux, noyau
précieux de notre Musée.
   Ce n'est que du décret impérial daté du camp de Varsovie(1807)
que date la création de l'école de dessin de Lyon et celle du Musée.
Un autre décret de Napoléon Ier du 15 février 1814 (le catalogue
de 1855 donne la date de 1811; les deux noticesprésentent de légères
variantes), attribue à la ville de Lyon une part dans les deux cent
neuf tableaux provenant pour la plupart de nos conquêtes, qui
furent répartis entre les villes de Toulouse, Grenoble, Dijon, Caen
et Lyon.
   Le premier catalogue du Musée de Lyon, dressé par Arthaud,
en 1820, est basé sur une classification arbitraire. Les tableaux y
sont décrits selon la place qu'ils occupaient dans le Musée primitif.
   Le « Salon des Fleurs » offrait aux regards, le Chat, d'Abraham
Mignon ; le portrait du Stalhouder, de David de Heem ; le Vase au
nid d'oiseaux, de Van Huysum ; les natures mortes de Desportes,