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216 LA REVUE LYONNAISE
chaque cohorte était divisée par centurie. L'aigle était l'enseigne
générale de la légion, le dragon l'enseigne de la cohorte. La cava-
lerie était divisée par fraction de trente-deux cavaliers, ayant
chacune son guidon et commandée par un décurion.
La tradition dit que la ville de Beauclair avait succédé à un
ancien camp ; ce qui est très probable, car cette ville présente une
espèce de carré. Or, chaque camp romain avait toujours, dans les
premiers temps, la forme de carré. On l'entourait d'un fossé ; on
le perçait de quatre portes; une de chaque côté. Le camp romain
se divisait en deux parties; l'une haute et l'autre basse.
La position de Beauclair est exceptionnellement belle. Le sol
basaltique est très fertile. La ville, située en pente douce, sur un
plateau, exposé du nord au sud, est abritée des vents du nord par
la hauteur septentrionale. On jouit, de ce point, d'une vue admi-
rable, notamment de la croix dite de la Garde, qui rappelle peut-
être le lieu d'observation des sentinelles romaines. Cinq départe-
ments s'offrent aux regards.
Pour beaucoup de villes ou de stations ruinées de la Gaule, portées
sur la carte de Peutinger, les savants sont loin d'être d'accord sur
l'identification véritable d'un grand nombre de ces stations avec
nos lieux modernes. La commission de la topographie des Gaules,
composée d'hommes êminents, a tâché de fixer la plupart des lieux
portés sur cette carte. En se basant sur les distances, sur la ressem-
blance du nom français avec le nom latin, sur les antiquités
découvertes, elle est parvenue à identifier bien des noms modernes;
mais, il faut le dire, de semblables travaux d'érudition laissent bien
souvent à désirer quand on les exécute seulement avec la plume,
au milieu des livres d'un cabinet de travail. C'est avec la pioche et
la pelle que l'archéologue fait les plus belles trouvailles et active le
progrès de la science. Tout le monde, certes, ne peut faire des
fouilles, surtout dans des pays déserts, loin de toute habitation. 11
faut des loisirs, beaucoup d'argent, l'amour de l'étude, la passion
de l'antiquité, une santé de fer, un courage, une opiniâtreté peu
ordinaires. Il est nécessaire de ne pas se laisser décourager par
la mauvaise volonté des paysans, qui mettent une mauvaise volonté
incroyable à laisser remuer leur terrain, même en leur offrant des
indemnités élevées, supérieures de beaucoup à la valeur de leurs