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LES CHAMBRES DE MERVEILLES 153 ment, l'Académie serait maîtresse de garder cette jambe ou de ne s'en défaire que sous des conditions qu'elle jugerait convenables. » (Mém. de l'Acad.) En 1769, deux autres monuments avaient ouvert le champ des conjectures aux érudits. C'étaient deux petites figures en terre cuite découvertes hors la porte Saint-Clair, et que le Prévôt des marchands avait fait remettre à l'Académie. On estima que l'une de ces figures représentait un prêtre celtique et l'autre la déesse Segesta ou Segusia, d'après des passages de Pline, de Martial et de Strabon. L'abbé Rozier était alors déjà de l'Académie, et il s'occupait aussi d'archéologie. En 1771, il lut à ses confrères une disserta- tion sur une pièce antique trouvée à Sainte-Colombe et donnée par lui à l'Académie. L'architecte Delorme avait entretenu la compagnie, quelque temps auparavant, de ses beaux travaux sur nos anciens aqueducs, qu'il avait communiqués au comte de Caylus, lors de son passage à Lyon. Ce savant en avait félicité vivement Delorme et l'avait même prié de l'associer à son étude, en lui offrant d'en- trer dans les dépenses que nécessiterait la levée des plans, la gravure, et d'insérer son mémoire dans son grand recueil d'an- tiquités. On sait qu'après la mort de Delorme, en 1782, ses collections passèrent à Boulard son élève et son ami. Mais ce dernier périt victime de la Révolution. Le comité de Salut public fit des gargousses avec les plans de Delorme. M. Tabard, le bi- bliothécaire de la ville, en recueillit cependant une partie, mais ils se sont perdus depuis lors. L'Académie s'était composé aussi un médaillier. En 1788, Delan- dine fut chargé par elle d'acquérir, entre autres, huit médailles en bronze et neuf en argent. Ce médailler s'était enrichi déjà de celui qu'Adamoli, lui avait légué, et dont les épaves se trouvent au Musée du Palais Saint-Pierre. Outre les objets d'art antiques qui étaient offerts à l'Académie de temps à autres, par ses membres ou par des étrangers, M. Bou- lard, héritier de Delorme, lui proposa un taurobole découvert dans la rue Masson en 1791. Mais les événements ne lui permirent pas d'accepter ce généreux don. « Que sont devenus la plupart de ces objets, » se demande tristement M. Dumas, secrétaire de l'Aca-