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136 LA R E V U E LYONNAISE science fantastique moyenne entre la physiologie et la psychologie, pour intervertir les titres de tous deux, en mettant autant d'ab- straction inopportune dans la première que de naturalisme hors de propos dans la seconde. Nous ne pousserons pas plus loin l'examen critique de la philo- sophie générale de Maine de Biran. Nous croyons que le rapide exposé que nous avons présenté de son système, avec le peu d'observations qui précèdent, suffiront à des yeux exercés pour faire ressortir le vice de cette nouvelle tentative de constituer la psychologie. Tout a été dit d'ailleurs sur les deuxparties tranchées dont le système se compose. A la première, celle qui concerne les modes affectifs ou sans conscience, Royer-Collard a péremptoi- rement reproché de ne pouvoir se justifier ni par l'observation externe, puisque ces modes affectifs ne sont pas des représen- tations, ni par l'observation interne, puisque le moi et l'œil de la conscience leur sont étrangers. Et quant à l'autre partie, une fois que le moi a été mis en scène, les plus larges lacunes ont été dénoncées, Maine de Biran ne s'étant presque pas mis en peine d'expliquer les opérations logiques et n'ayant qu'effleuré de la manière la plus superficielle les graves sujets de l'esthétique et de la morale '. La défectuosité éclate dans tout cet ensemble de doctrines, qui ne peut pas plus se relier à la science que la doctrine des trois vies. Mais le jugement change si on considère, comme nous l'avons annoncé, le principe toujours debout dans toute cette philosophie, à savoir que l'âme a pour faculté unique la volonté. Ce principe est bien celui qui anime la philosophie entière de Maine de Biran. Il n'y a point à s'y méprendre, en attribuant une importance exagérée à des expressions qui reviennent souvent et qui seraient relatives à des facultés multipliées, à des ordres divers de facultés. L'écrivain dissipe nettement cette équivoque, en dé - clarant que les facultés quelconques dont il parle ne sont que les modes d'exercice d'une même et unique puissance par lui reconnue à l'à me et qui s'appelle la volonté a . L'unité est donc affirmée sans 1 V. à cet égard la remarquable introduction de Naville, p. xcin et ci, 2 Œuvres inédites, t. 2, p. 83.