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112                      LA R E V U E      LYONNAIS




                                         VI

                                   GRAVEURS



   Le mot graver était entré dans la langue avec la signification
actuelle dès le milieu du quatorzième siècle. Les rédacteurs de
l'inventaire du mobilier de Charles V, qui écrivaient en 1379,
l'ont emplojé en décrivant plusieurs signets (sceaux ou cachets),
faits de pierres fines gravées en creux 1.
    Les seuls graveurs lyonnais que nous connaissions au quator-
zième siècle sont des tailleurs de coins de monnaies (sculptores,
scissores, tailliatores cugnorum)2. Ils ont travaillé pour l'ar-
chevêque de Lyon qui avait dans la ville trois ateliers monétaires ;
il y en avait quatre du temps des Romains, au moins sous les em-
pereurs Aurélien, Numérien et Carin.
    La monnaie royale fut établie définitivement à Lyon, en vertu
de lettres de Charles VI du 13 décembre 14153, mais elle y existait
de fait en 1413, et peut-être même un peu auparavant; le roi
ordonna, par ses lettres du 7 juin 1413, d'ouvrer et monnoyer, en
sa monnaie de Lyon, des « deniers gros, demy gros et quars de
gros 4 . »
    C'est un italien, établi à Avignon, maître Jean 5, qui grava, en
1368, le signet de l'archevêque Charles d'Alençon.
   Les rôles des tailles contiennent les noms de cinq contribuables

    1
      « ... Un ruby... Ouqusl est gravé ung dâulphin et une fleur de liz dessoubz
— ... Ung saphir ouquel a gravée une fleur de lys couronnée... »
   2
      Nous publierons les extraits des documents qui se rapportent à ces maîtres dans
notre essai sur les médailleurs et les graveurs lyonnais. Nous n'avons trouvé aucune
pièce qui permette de classer les monnaies des archevêques; ces monnaies présentent
des différences dans les caractères de la légende, dans la forme de l'initiale de Lyon
et le dessin de la crois, et assez souvent des points secrets ou des traits qui en
tiennent lieu. Nous avons observé une vinglaine d'états différents.
   3
      Ordonnances des rois de France, t. X, p. 250.
   'l Ordonnances des rois de France, t. X, p. 150.
   5
      Magister Johannes ilalicus, graveur de sceaux à Avignon on I3G5. (Histoire
littéraire de la France, t. XXIV, p. 617.)