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    98               LA REVUE LYONNAISE
         Mais à peine auront-ils cessé de respirer
         Que leurs contemporains verront s'évaporer
                Cette grandeur factice,
         Comme on voit un nuage emporté par les airs !
         Et l'oubli se fera sur leurs tombeaux déserts !
                Et ce sera justice!




                                 III

         Vous ne fermerez point de la sorte vos yeux,
         Poètes qui marchez la tête dans les cieux,
                Et les pieds sur la terre ;
         Vous qui vous en allez, de saison en saison,
         Confiant à la fleur, à l'étoile, au buisson
                Votre espoir solitaire !


         Vous qui chantez l'amour, l'amour pur et craintif
         Des vierges de seize ans ; vous qu'un roseau plaintif
                Attriste ou fait sourire ;
         Vous qui sentez frémir l'àme de l'Univers,
         0 grands consolateurs, et qui vivez vos vers
                Avant de les écrire !

         Vous qui d'un souvenir consacrez les douceurs,
/        Et qui de la pensée éloquents défenseurs,
                Dominez la matière !
         Vous dont la strophe ailée évoque les grandeurs
         Des siècles disparus et frissonne aux splendeurs
                De la nature entière !

         Hérauts qui célébrez les coteaux, les vallons,
         La neige des hivers, les bruyants aquilons,
                La brise printanière,