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458                  MON AMI GABRIEL

querie quelque peu de convention, M. Grésard était le
meilleur homme du monde ; il eut bientôt plus que de
l'attachement pour ce pauvre enfant dont il était devenu
le protecteur, malgré l'inexpérience qu'il s'avouait en
matière d'éducation ; puis il se plut à retrouver chez
son neveu la vive intelligence de sa sœur et sa touchante
sensibilité. Rien ne fut négligé pour distraire Gabriel de
son violent chagrin ; mais l'affection incomplète de son
oncle ne lui faisait sentir que plus cruellement le vide
qu'elle ne pouvait combler.
   Le jeune homme acheva ses études. Une fois bache-
lier, il fut en butte aux sollicitations de M. Grésard qui
aurait voulu réaliser en lui son idéal et le pousser vers
l'école de Saint-Cyr. Cependant les promenades à che-
val, lès exhortations, les apologies de la carrière mili-
taire ne purent persuader Gabriel. Son esprit calme et
réfléchi n'avait aucun goût pour le métier des armes :
l'étude du droit lui sembla plus conforme à ses aptitudes.
II partit donc pour Dijon au mois de novembre suivant.
   Le travail l'absorba tout entier. Presque chaque jour,
après le déjeuner, nous nous promenions •ensemble dans
la grande avenue qui conduit delà place Saint-Pierre à
la grille du Parc. Nous retrouvions dans ce lieu le style
du grand siècle : l'avenue est coupée par un rond-
point semblable à celui de la place Saint-Pierre et orné
comme lui d'un vaste bassin et de magnifiques jéts-d'eau.
   Le Parc, dessiné par Le Nôtre, est sillonné d'allées
circulaires et concentriques croisées par d'autres qui ra-
yonnent dans tous les sens et viennent toutes aboutir à
un rond-point central. Au midi, la rivière d'Ouche et le
canal de Bourgogne arrosent la vallée de la Côte-d'Or ;
les sommets de Talàn et de Saint-Affriqûe se profilent au
couchant.