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470 OLE BULL. grand exécutant, mais il est encore de tous les compositeurs qui ont écrit pour le violon, celui qui a peut-être le plus de valeur ; — tout ce qu'il écrit est neuf, original, puissant ; l'orchestration est riche, la mélodie abonde et l'ins- piration se montre partout. — Chez Ole Bull, les idées arrivent en foule ; — tels sont ses concertos, ses nocturnes, sa Tarentelle, sa Polacca Guerriera, et toutes ces belles compositions qu'il nous a fait entendre, et qui ont produit une si vive impression. — Du reste, le violon sur lequel joue le grand artiste norvégien, n'est pas moins extraordinaire que son talent. Le violon d'Ole Bull date de i532, il est de tous les instruments de ce genre le plus vieux, elle meilleur qui soit connu. Fabriqué à Brescia par Gaspare de Salo, il fut sculpté à Rome par le célèbre Benvenuto Celini, pour le cardinal Aldobran- dini, ce grand protecteur des arts, qui le paya 3,ooo ducats de Naples et en lit cadeau à la chambre des trésors d'Inspruk.— Ce fut même après la prise de cette ville par les Français, en 1809, que ce fameux violon, tombé entre les mains d'un soldat, fut vendu pour la faible somme de 400 florins à Ryhzchek, riche banquier de Bohème, dont la magnifique collection d'instruments à cordes était célèbre dans toute l'Allemagne.—Après la mort du banquier Ryhzchek, le violon revint à Ole Bull, à qui le riche Bohémien le laissait par testament, comme témoignage de sa vive admiration pour le talent du grand violoniste. — Cet instrument est du reste un petit chef-d'œuvre, une véritable merveille; l'extrémité du manche est sculptée et représente une tête d'ange perdue dans les folles boucles de ses cheveux d'or.—Derrière la tète de l'ange et appuyée sur ses épaules, se trouve unesyrène également sculptée en relief. Plus bas, au dessous du chevalet, s'épanouissent et s'enroulent sur un fond bleu rouge et or, des arabesques au milieu desquels se détache une petite cariatyde de bronze; quant au chevalet lui-même, il représente deux poissons, signe zodia- cal du mois de février; chose assez étrange ! quand on saura que Ole Bull est né aussi en février.—Ole Bul a du reste plusieurs violons d'un très grand prix, entr'autres, un Crémonu fabriqué en 1742, par Guarnerius, et un Stradivarius fait en 1687, pour le roi d'Espagne. — Les archets de ces différents violons sont presque tous enrichis de diamants, l'un d'eux en porte quarante-cinq à son extrémité, c'est un cadeau que la reine de Suède et de Norwége a fait elle- même à l'illustre artiste. — Un autre, est un présent de l'empereur d'Au- triche. Il faut toute la hardiesse et la sauvagerie norvégiennes pour oser livrer au public une bataille rangée de cinq morceaux de violon. Quelle verve et quel poignet ; mais le succès justifie les plus folles témérités, et l'infatigable violoniste a montré, pendant le cours de plusieurs soirées, qu'il n'avait pas trop présumé de ses forces. Ole Bull nous a fait entendre des variations