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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 465 «LUETTES ET BOUTADES, PAR J . P E T I T - S E N N , UE G E N È V E , AVEC UN AVANT- PROPOS PAR M. LOUIS REYRAUD. La presse parisienne vient de faire un excellent accueil à ce li- vre sorti de la plume d'une illustration genevoise. C'est justice, car il est impossible de trouver des pages mieux et plus délicatement rempliesavec aussi peu de mots. II y a,dans les Bluettes et Boutades de M. Petit-Senn, des pensées que ne désavourait certainement pas aucun des meilleurs maîtres dans le genre qu'illustrèrent Théo- phraste, la Bruyère, Vauvenarge et Larochefoucauld. Afin de n'être point tout aussitôt taxé de mensonge et de charla- tanisme, aujourd'hui qu'on met les comparaisons les plus ambitieu- ses au service des plus pauvres médiocrités, nous allons donner des preuves de cette assertion, et citer M. Petit-Senn au lieu d'ana- lyser son ouvrage. L'auteur assurément y gagnera, et le lecteur surtout nous saura gré de cette substitution. Les remords est l'ombre du crime ; il grandit comme elle à la chute du jour. Pour un héritier, tout n'est pas assez: il espérait plus. Grâce à l'amour et à l'amour-propre, on ne voit ni les défauts de sa maîtresse, ni les siens. Aux yeux des mondains, de quelque manière qu'on ait gagné sa fortune, on a mieux fait que de la perdre. Le mérite indigent, comme l'aiguille rouillée, perce difficilement. Le jeune homme tient moins à la terre que le vieillard; comme l'arbrisseau, il a peu de racines. La vieillesse la plus avancée n'efface point les vestiges de l'amour sur la physionomie des femmes ; leurs yeux sont comme tournés de 30