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kak        RESTAURATION DU TABLEAU DU PÉRUGIN.
désigna M. Maguet comme le plus habile et lo plus capable de me-
ner à bonne fin cette délicate opération. Nouveau traité passé avec
M. Maguet qui arriva à Lyon pour enlever les repeints, faire dispa-
raître les points blancs, et faire enfin les retouches nécessaires,
sous la direction de M. Bonnefond.
    M. Maguet, avec un soin, une prudence, un amour digne des plus
grands éloges, fit disparaître, par des procédés à lui connus, toutes
les taches et tout ce qui n'était pas de la main du Pérugin, et l'on eut,
pendant quelques jours, le plaisir de voir l'œuvre du maître telle
non pas qu'elle était sortie de ses mains, puisque malheureusement
le temps et les voyages, les transports l'avaient endommagée en
beaucoup d'endroits, mais vierge de tout travail étranger et entière-
ment de la main du maître.
    Il ne restait plus qu'à refaire, mais cette fois avec respect, avec
sobriété et une excessive prudence, ce que l'on avait fait autrefois
d'une manière si lourde et si barbare, repeindre les dégradations,
les points blancs et les lignes blanches occasionnées par les fentes du
bois.
    M. Maguet, avec une patience admirable, picota, comme un pein-
ire en miniature, toutes les parties enlevées, et les repeignit dans le
ton juste du modèle, sans sortir jamais des trous occasionés par l'en
 lèvement de la peinture. Dirigé pas à pas par M. Bonnefond, il a
pu, aprèssix mois d'un travail opiniâtre, arriver à ce résultat si sa-
tisfaisant : Rien de ce qui est de la main du Pérugin n'a été touché
ni recouvert; là où la peinture manquait et où la toile était à nu
 il a peint dans le ton si juste que l'œil le plus exercé ne le décou-
vrira pas quand l'opération sera entièrement terminée. Il faut que
le tableau sèche encore quelques mois, après lesquels on passera un
 vernis dont l'effet sera d'enlever la crudité et la dureté avec la-
quelle les figures s'enlèvent sur le ciel, et de rétablir l'harmonie gé-
nérale que le temps donne aux vieux tableaux tant qu'ils ne sont
ni dévernis, ni retouchés.
     En somme, l'opération aparfaitement réussi, le mal qui rongeait le
 tableau est arrêté, puisqu'il n'est plus sur bois et qu'il est entoilé à
 neuf. Les repeints qui jetaient du doute dans beaucoup de parties
 du tableau ont disparu pour faire place à une reslauration bien plus