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402                    LOOIS XIV A MOLIÈRE.
       Ce luxe est nécessaire, et toute royauté
       Autant que de puissance a besoin de beauté.
      Je crois savoir cela tout aussi bien qu'uD autre.
       Et Racine, Lulli, Lebrun, Puget, Le Nôtre,
       Edeling etMansard, si l'on disait que non,
       Témoigneraient pour moi, rien qu'en disant leur nom.
      Et Molière, à son tour, ne me ferait pas faute !
       Mais, si j'ai des faveurs pour chaque tête haute,
      Pour tous les généraux que l'art m'a dénoncés,
      Puis-je aux soldats obscurs, à de pauvres blessés,
      Dont on m'eût, à grand'peine, enseigné l'existence,
      Prodiguer en détail ma suprême assistance?...
      Tu veux les secourir : la chose est juste en soi ;
      Mais, à bien regarder, n'est pas le fait du roi. —
      Que d'intrigues joueraient ! que de rapports contraires!...
      INfos aveugles honneurs, nos bienfaits arbitraires,
      Errants dans ce chaos, tomberaient, tout boiteux,
      Sur de vagues malheurs ou des talents douteux ;
      Et la foule envieuse, à blâmer intrépide,
      Crierait que l'argent fond et qu'on le dilapide. —
      En semblables conflits nous n'avons pas d'experts :
      Il faudrait que chacun fût jugé par ses pairs.
      Et... mais je vois d'ici la chose déjà faite !...
      Le roi peut bien parler en poète, en prophète.
      Quand Molière à la cour parle en homme d'état.


      Oui.'... de la marche humaine, ô vaste résultat !
      Deux siècles n'auront pas fait leurs tas de poussières,
      Que les lettres, les arts, ramassant leurs lumières,
      Se lieront en faisceau d'activo charité,
      Plus puissant, pour le bien, que notre autorité.
      Ils réaliseront une de mes pensées...
      C'est encor m'obéir. — O veuves délaissées,
      Enfants perdus, vieillards, plus tristes orphelins,
      Séchez les pleurs cuisants dont vos yeux étaient pleins !