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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 398 parmi nous ; plusieurs même n'auront jamais entendu prononcer son nom, et ceux pour qui il peut n'être pas inconnu, pourront être surpris d'apprendre qu'il était anglais. Peut-être que la vue des champs verdoyants de la joyeuse Angleterre ne vint plus réjouir ses yeux, depuis qu'il eut quitlé le monastère de Sherbourne, pour étu- diera Paris; toutefois, son pays peut être fier de revendiquer ce grand Saint. Il fut le père spirituel de saint Bernard, et, on peut le dire, le principal fondateur de l'Ordre de Citeaux. Avant sa mon, il avait fondé vingt monastères de la filiation de Citeaux ; le nombre des maisons de tout l'Ordre dépassait quatre vingt-dix. Saint Etienne élait, par le caractère, un véritable anglais; sa vie offre ce curieux mélange de repos et d'action qui est le caractère distinctif de l'An- gleterre. Tout contemplatif et ascétique qu'il était, il était aussi, à sa manière, homme d'action ; il avait l'intelligence qui conçoit, lo calme et l'énergie qui exécutent une grande œuvre. Sa physionomie même était anglaise, s'il en faut croire un de ses contemporains, le moine de Malmesbury ; son discours était élégant, ses manières enjouées, son ame toujours joyeuse dans le Seigneur. « L'Ordre qu'avait fondé Etienne , prospéra dans le pays qui avait donné le jour à ce Saint. Le plus grand nombre de nos ab- bayes, Tintern, Rievaux, Fontaine, Furness et INetley, qui ne sont plus connus que parleurs magnifiques ruines, relevaient de Ci- teaux. « L'Ordre s'appropria tous les vallons et les asiles reculés. Il s'établit au bord de tous les ruisseaux de la vieille Angleterre; par- tout, le mouvement continuel de ses cloches venait porter la joie dans l'ame des laboureurs. Les occupations champêtres auxquelles ils s'appliquaient convenaient parfaitement au pays, quoique l'ins- titution eût pris naissance au-delà des mers. « Sans doute, pendant qu'il travaillait sous le soleil brûlant de la France, saint Etienne pensa souvent aux douces soirées d'août et aux moissons dorées de son pays natal. Puissent maintenant ses prières être écoutées devant le trône de grâce pour ce pays chéri que les crimes de ses enfants ont rendu l'objet de la colère do Dieu ! » C'est ainsi que Dalgainrs termine ce livre modeste et utile.