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GERSON, POETE. 287 Si tonet cœlum crcpitu fragoso, Le ciel retentirait des éclats de la fondit-, Totns et casum minitctnr orbis, l'univers tout entier menacerait de sa chulf ; Infor haec tanta positus pericula, au milieu de tant de périls, je dirais encore : Rachel, amo te. ô Rachel, je t'aime. Nil ab amplexu placido revcllet, Non, rien ne m'arracberaà ces doux e m b r a s e m e n t s , Quidquid occuriet nihil hinc limebo, nul danger ne me fera trembler, Nullius vincar sub amore, quippe ; nul autre amour ne pourra me subjuguer, Rachel, amo te. ô Rachel, je t'aime. Ventre fœcundo Lya sît licebit ; Que Lya soit Gère de sa fécondité, Et sît ancillis numcrosa proies, qu'elle s'environne d'une nombreuse suite d'enfants Nescio quid plus nitet et placet, eur, et de serviteurs ; pour moi, je ne sais ce qui in loi Rachel, amo te. a plus d'éclat et de charme et pourquoi , ô Rachel, je t'aime. Suavis à te pax îequîcsque cordis Avec toi la douce paix et le repos du co?ur ; Triste nil affers, reboas camœnis avec toi rien de sombre ; les muses elles-mêmes Ducibus prorsus ; ita cominentem, inspirent tes chants ; au milieu de ta douce harmonie, Rachel, amo te. ô Rachel, je t'aime. Rector /Egypti sapiens, pudicus De toi,doivent naître le sage gouverneur de l'Egypte, Nascitur Joseph tibi, Benjaminque ; le chaste Joseph, et Benjamin, Benjamin dont Benjamin quanquam moriaris ortu, la naissance causera la mort : Rachel, amo te. ô Rachel, je t'aime. Osculeris me labiis pudicis, Approche de moi tes lèvres pudiques, lîrachïis sacris mea colla stringe, prodigue-moi tes chastes embrassements, Islud ut fiât tibi semper haerens. que mon cœur soit pour toujours à toi ! Rachel, amo te. qu'il répète : <% Rachel, je t'aime. Spiritus sanctus tibi multus unus A toi l'Esprit saint un et multiple, Dona virtutum rétines beata, avec lui tu as le bonheur de posséder Diligentes te satias in œvum, le don des vertus, tu peux avec joie Rachel, amo te. te délecter pour l'éternité, et moi je dirai toujours : o Rachel, je t'aime. RACHEL CONCLUDIr; C'EST RACHEL QUI DIT EN FINISSANT: Tels que les chants de PhUomèle au printemps, Vere qualem dat Philomela cantum tels que ceux de l'alouette qui s'élève dans les airs ; VA velut sursùm volitans alauda : tels les tiens, ô mon bien-aimé, Taie, mi Jacob, resonas amœnum résonnent doucement à mon oreille : Carmen, amo te. A Jacob, je t'aime. Cette idylledeGerson n'est certainement ni pâle, ni froide, elle n'est pas non plus l'œuvre d'un homme au naturel farouche ; l'on retrouve et l'on admire, dans plusieurs passages du livre de Y Imitation,^ mê- mes transports, les mêmes mouvements de l'ame, la même élégance poétique, il suffira d'en citer quelques passages pour le démontrer: