Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
270                        LOUIS I-EUNET.

 démocratiques de Paris nous ont devancé dans l'expression de
 leurs regrets pour le citoyen et l'ami qui vient de tomber dans nos
 rangs. Nous, ses compatriotes et ses camarades, qui l'avons suivi
 à travers les luttes de la vie jusqu'à son lit de douleurs, nous avons
 pu apprécier mieux encore l'inestimable valeur de cette nature qui
 recherchait avec avidité les occasions de dévouement. Louis Per-
 nei ne laisse d'autres écrits que quelques articles disséminés dans
 la presse, et spécialement les chroniques politiques de la Revue in-
dépendante, toujours remarquables sous sa plume par la rectitude
 des opinions et la chaleur du style. Il avait rapporté de deux voya-
 ges en Russie beaucoup d'observations neuves et fécondes, faites
 d'un point de vue à la fois impartial et généreux. Le temps lui a
a manqué pour les publier. Dans son dernier voyage, malgré la pru-
dence de sa conduite qui fut celle d'un studieux observateur, étran-
ger à toute menée politique, sa qualité de Français et ses liaisons
connues avec les représentants des idées les plus avancées à Paris,
lui méritèrent les persécutions de la police de l'autocrate. Il fut
brusquement arrêté à Moscou et jeté dans une prison où il passa
vingt jours au secret, et d'où il entendit expirer sous le knouk
plusieurs do ses compagnons de captivité. Relâché enfin par l'inter-
vention de quelques Russes haut placés, il avait trop le sentiment
do la dignité du nom français pour ne pas exiger des réparations de
cette indigne violation du droit des gens ; il dut solliciter, pour les
obtenir, l'appui des agents de la France en Russie, et il a acquis une
preuve nouvelle de l'indigne mollesse avec laquelle l'honneur na-
tional est soutenu à Pélranger par la plupartde nos représentants, il
fut complètement abandonné par l'ambassade française. Ses démar-
ches auprès des autorités russes furent accueillies avec une politesse
ironique et hypocrite, et il fut sommé de repartir pour la France
sans avoir jamais pu connaître la cause réelle et même le prétexte
de son arrestation. Cette affaire qui fit quelque bruit et qui aurait
été prise à cœur par un gouvernement soucieux de notre dignité, est
racontée avec assez de détails dans l'ouvrage do M. de Custines sur
la Russie; sa relation cependant n'est pas exacte en ce qui concerne
l'attitude de Louis Pernet ; elle fut beaucoup plus énergique que
celle que lui prête M. de Custines. Revenu à Paris, Pernet y con-