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DE TORQ.UATO TASSO. 267 sauts du démon. Le seigneur veut l'éprouver en ce désert, et savoir si lu desires garder fidèlement ses préceptes. » « En me parlant ainsi, le saint homme se leva, et marcha avec moi quatre jours vers l'intérieur du désert. Au cin- quième jour, nous arrivâmes à un endroit appelé Calidio- mea, dans le voisinage duquel élaient des palmiers. L'homme de Dieu me dit alors : « Voilà , mon fils, voilà le lieu que le Seigneur a préparé pour ta demeure. » « Et il resta avec moi l'espace de trente jours, m'ensei- gnant à observer avec une sage et prudente ardeur les p r é - ceptes de Dieu. Cela fait, il adressa au Seigneur une prière pour me recommander à lui, et, s'éloignantde moi, retourna dans sa grotte. Chaque année, il venait me rendre visite, et ne cessait de me montrer, en de religieux entretiens, avec quelle sagesse et quelle simplicité je devais diriger ma vie. » Le biographe d'Onuphre raconte qu'il fut étrangement frappé de l'air terrible que donnaient à ce solitaire l'abon- dance et la longueur de sa chevelure, aussi bien que les feuilles et les herbes disposées autour de son corps , et composant tout son vêtement. De là vient que dans les fres- ques du cloître, on lui a donné une figure quelque peu sau- vage. Un voyageur de la fin du XVII e siècle, Misson, en eut presque peur, mais une telle épouvante lui était bien par- donnable, puisqu'il ne connaissait point ce personnage. Seu- lement, il avait appris d'une inscription placée au cloître même que cet Onuphre élait fils d'un roi de Perse, et avait vécu soixante ans dans le désert. Le couvent de Sanl' Onofrio est habité par des Hiérony- miles, congrégation fondée au XVe siècle, et qui adopta pour patron l'un des plus doctes et des plus illustres saints que la solitude eût reçus dans le premiers lemps. Indépen- damment des peintures murales qui rappellent la vie érémi-