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262 INSTALLATION DE LA PREMIÈRE MUNICIPALITÉ
venu nous attrister par le récit de ce qui se passait au parterre.
« Nous n'avons pas mis en délibération ce que nous devions
faire; mais la même impulsion nous a fait accourir dans cette
salle, pour vous dire, combien il est douloureux pour nous
que ce jour où nos concitoyens nous ont honoré d'une bien-
veillance si affectueuse, soit menacé d'être troublé par des
mouvements dont le foyer est parmi vous. Non, messieurs,
vous ne porterez pas à nos cœurs une si vive affliction, nous
allons interrompre les graves occupations qui nous sont con-
fiées, nous allons partager vos amusements, convaincus de
l'ordre et de la tranquililé qui vont exister dans le spectacle.
« Est-il un de vous, messieurs, qui ignore que les seules ré-
clamations permises sont celles qui sont adressées h vos re-
présentants, aux ministres des lois ?
« Venez à nous, et vos griefs seront aussitôt réparés que
connus; mais oubliez-les pour un moment, et ne songeons
qu'au plaisir de terminer avec harmonie cette mémorable
journée. »
Ce discours fut vivement applaudi. Les acteurs reparu-
rent sur la scène, le spectacle se termina au milieu d'un
profond silence, tout le monde se retira ensuite, bien con-
vaincu qu'aucune société ne peut subsister sans l'amour de
l'ordre et sans une entière soumission aux dépositaires de la
puissance publique.
Le lendemain de celte journée mémorable dans les fastes
de notre cité, le Maire et les Officiers municipaux se réunirent
dès le matin à l'Hôlel-de-Ville, dans le but de rétablir par
une ordonnance sévère la décence et la tranquililé com-
promises dans notre théâtre par une poignée de pertuba-
teurs, dont l'exemple entraîne toujours la jeunesse sans ex-
périence.
Le soir, au sein du conseil général, M. Dupin, procureur