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 258      INSTALLATION DE LA PREMIÈRE MUNICIPALITÉ

Palerne de Savy, maire de Lyon, prit la parole et prononça
d'une voix forte et retentissante le discours suivant :

               CHERS CONCITOYENS:


    « Cet appareil imposant, ce spectacle inouï, dont la vue
 me pénètre d'un juste eH'roi, me permeltra-l-il de m'ac-
 quilter de ce que je vous dois, avant de prononcer ce serment
 sacré qui va sceller mes engagements dans cette auguste cé-
 rémonie? Je cherche en vain à me rassurer par le souvenir
 de vos suffrages: ce sont ces mêmes suffrages qui, dans ce
 moment, augmentent mon trouble, loin de me rassurer.
    « Ah ! mes chers concitoyens ! par où ai-je mérité ce comble
 de la gloire auquel vous m'avez élevé? Je viens d'être pro-
clamé par vos suffrages libres le premier citoyen de la seconde
 capitale dé l'empire français ! Moi qui me fusse tenu si honoré
de marcher à la suite des citoyens respectables qui m'en-
 tourent, je suis leur chef! Cet honneur immortel ne peut
 m'être ravi. Arraché par vous à l'oubli, mon nom sera le
 premier qui, dans les fastes des nouvelles destinées de ma
patrie, attirera les regards de la postérité.
   « Placée dans ce temple, au milieu des images des magis-
trats qui ont bien mérité d'elle, la mienne, si je suis fidèle
à mon serment, partagera les bénédictions qu'on y donne à
leur mémoire (1). Je les entendrai peut-être moi-même avant
de descendre dans le tombeau, ces bénédictions louchantes,
en venant remplir, dans ce lieu, les devoirs de la dignité à
laquelle vous m'avez appelée; et ces bénédictions seront la ré-
compense la plus douce à mon cœur.
   « O ma patrie ! pourquoi n'ai-je qu'une seule vie à te don-

  (i) M. de Savy fait allusion aux portraits des prévôts des marchands et
échevins de Lyon, placés dans les salles de l'Hôtel-de-Ville.