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MADEMOISELLE DE MAGLAND. 225 Je quitte la Suisse la semaine prochaine; je vais à Paris, je reste un mois avec (oi, et je prends mon vol vers la Provence. Adieu, à bientôt ! AUGUSTE DE BLOSSAC. XVII. Au lever du soleil d'un des derniers jours de septembre, lorsquo la brise de mer chassait au loin la poussière qu'elle soulevait en tourbillons, les muletiers cheminant sur la route de Toulon, au bruit des mille grelots de leurs montures, s'arrêtaient, et, du haut de leurs selles élevées, contemplaient d'un regard curieux un jeune voyageur qui, séduit par la magnificence du spectacle qui s'offrait à ses regards, croquait sur son album les sauvages beautés qu'offrent les gorges d'Ollioules. Ce long défilé ouvert dans une masse de. rochers gigantesques, où les sapins et les chênes verts jettent leur sombre verdure sur d'immenses débris volcaniques noirs et déchar- nés, apparaît tantôt plongé dans cette ombre bleue particulière aux pays chauds, tantôt inondé de lumière selon que les sinuosités de la route descendant tout-à -coup dans le lit d'un torrent desséché ou parcourant un large espace coupé à pic dans le roc, permettent au soleil de colorer les fantastiques déchirures de cette nature boule- versée. Des ruines monastiques et féodales, dont la main d'un autre âge posa les fondations au sommet do ces rochers comme un nid d'aigle ou un repaire de brigands, complètent un tableau qui ne peut être comparé qu'aux lieux immortalisés par la mort de Léonidas; mais bientôt les agrestes détails de ce site sauvage font place à une nature plus riante; les rochers se rapetissent, s'égalisent ; une fraîche végétation se montre çà et là sur leurs flancs moins âpres ; tout-à -1'heure ce ne seront plus que des collines à ondulations molles et gracieuses, qui diminuant insensiblement finissent par une ligne indécise qui se perd à l'horizon. Au loin, sur l'azur lira- is