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ET DE SA RÉPARATION. 217 la justice dans son cœur, et la produire au dehors par sa vo- lonté. Comme on ne cherche point à ravaler la plante sur ce que ses éléments ne sont que quelques parcelles empruntées aux différents règnes de la nature, mais comme au contraire on admire la belle fleur qu'elle a fait épanouir sur sa tige; de même, il ne sera pas dit à l'homme, pour diminuer l'éclat de ses actions, que toute son aine ne vit que de quelques au- mônes arrachées à Dieu; mais il sera glorifié de ce qu'il est parvenu, dans les régions obscures et froides du temps, à faire fleurir sur la lige de son cœur une rose d'immor- talité. Voilà pourquoi j'ai dit que la grâce est l'aliment de la li- berté. A quoi comparerai-je la liberté ? j'en donnerai cette image exacte : la liberté est comme la flamme. Quelle que petite que soit une flamme, pourvu qu'on lui fournisse un aliment, c'est elle qui grandit. Elle ne s'ajoute pas ses aliments par addition ; elle n'est toujours qu'elle- même, toujours la pure flamme. Tous les corps qu'elle em- brase et absorbe dans son sein , au lieu de modifier sa substance et d'effacer sa nature, ne font que purifier l'une et vivifier l'autre. C'est ainsi qu'est la liberté. Quelle que petite qu'elle soit, pourvu qu'on lui fournisse un alimenl, c'est elle qui grandit. Elle ne s'ajoute pas les éléments de la grâce par addition , elle reste toujours elle , toujours pure liberté humaine. Et comme elle ne peut être qu'elle-même, toutes les inspirations et les lumières que Dieu lui envoie, au lieu de transfigurer sa substance et de lui enlever sa nature, ne font quelaconslituer de plus en plus au pouvoir de l'homme. La liberté s'étend comme la flamme, toujours de sa propre substance. Flamme sacrée ! brille, brûle, perce toutes les voûtes du temps, et va le plonger dans l'amour éternel !