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182 DE LA CHUTE DE t'uOMME que sa chute était précisément l'acte par lequel l'ame, loin de continuer à se sacrifier à Dieu, se sacrifia Dieu a elle- même, à l'inverse de toutes les lois de l'être ! Et l'homme ne se sacrifiant plus, la création était arrêtée; puisque son objet est de conduire des âmes libres à Dieu, afin qu'elles lui fassent le don d'elles-mêmes dans la réci- procité du don que Dieu leur fera de lui-même et de sa fé- licité. Pour rétablir et continuer la création, il faut rétablir et continuer le sacrifice, ou l'acte par lequel la substance créée tend à devenir sacrée. Mais, d'un côté, comment l'homme pourra-t-il s'offrir à Dieu dans un sacrifice d'autant plus complet, qu'il n'est tombé dans le mal que parce qu'il a manqué à ce sacrifice?.. Et, d'un autre côté, comment Dieu pourra-t-il recevoir le cœur de l'homme et le rendre sacré avec lui, lorsque la souil- lure ne saurait entrer dans la substance divine, l'incandes- cence de l'amour la maintenant dans l'état de sainteté ? Pour anéantir toute souillure, ne faudrait-il pas que l'homme même cessa d'exister?... Or, il s'agit de sauver l'homme, et non de l'anéantir! C'est alors que l'infini puisa dans les ressources de son amour la grande merveille du salut de l'être : Le Verbe prit de Vhomme ce qu'il devait offrir pour l1homme (1), et nous aimât jusqu'à la mort. Or, le verbe de Dieu fait homme, étant le même Dieu que le Père et l'Esprit, s'est offert lui-même à lui-même, comme il s'est offert au Père et à l'Esprit ; et ayant pris la nature de l'homme, c'est vrai- ment l'homme qui est offert à Dieu. Car, comme il n'y a que l'amour de Dieu qui puisse plaire à Dieu, et que nous étions précisément incapables d'amour, (r) Accepit abs homiue, qnod oflerrct pro homme ; saccrdos noster a nol.iis îicct'pil, quod pro nobis offerret. — S. AUGUSTIKCS. InPs. 129, num. 7.