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168               DE LA CHUTE DE     L'HOMME

se meuvent dans un ineffable sentiment d'humilité, elles ar-
rivent comme précédées d'une tendre prière, par laquelle elles
s'appellent toutes, et s'approchent avec un frémissement de
sainteté et d'amour.
   Et de tous les points de l'infini l'être se recherche avec
amour, et le moindre être se sent relevé dans la gloire ; et ces
divines perfections ne peuvent sortir de leur mutuelle et
bienheureuse possession. L'amour, en les identifiant ainsi, les
constitue dans leur absolu.
   Car toutes ces perfections se rencontrent dans le moi de
leur puissance et de leur sagesse, lesquelles se retrouvent
toutes complétées dans le moi de leur amour. Et c'est pour-
quoi elles reposent dans l'ineffable harmonie.
   La musique n'est que le rhythme de l'amour. El l'ame qui
l'écoute ici-bas se sent déjà émue comme si elle entrait au
Ciel. Car le bonheur sort du sein de l'harmonie ; mais les
sources d'où elle découle sont inconnues à la terre.
   Le bonheur consiste à se donner. Celui qui aime, voici ce
qu'il dit : Je voudrais posséder mille vies pour les donner les
unes après les autres à celui qui est mon bien-aimé ! Et c'est
ce qui se passe dans l'infini.
   Car toujours la substance repose dans ce sentiment ; et
c'est ce qui fait son éternité.

   L'amour régnait donc sans partage dans l'étendue de la
substance : l'infini possédait toutes ses félicités et l'absolu
était en paix.
   Tel l'éternel état de chose, tel lorsque l'être créé perdit la
loi de l'être.
   Cet être pour qui l'infini était sorti de lui-môme, et que
les divines Personnes appelaient comme leur octave éternel,
a méconnu la loi d'amour.
   Quoi! l'être a méconnu l'amour? Lui, l'être! ne pas ai-