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154 D'UN PLAN D'ASSOCIATION UNIVERSELLE J'ai été attiré vers vous par la double considération de ce que vous êtes dés à présent et de ce que vous serez un jour, quand les Académies reliées les unes aux autres, auront enfin l'importance et l'utilité qu'elles ne peuvent avoir aujourd'hui dans leur isolement. Vous êtes, Messieurs, de l'aveu de tous, l'élite intellectuelle d'une grande cité, vous êtes la réunion de la plupart des hom- mes de ce pays qui se sont distingués par quelques travaux dans les lettres, dans les beaux-arts ou dans les sciences. D'or- dinaire on conteste aux Académies cette gloire de renfermer dans leur sein les hommes les plus distingués d'un pays, et vous savez que les hommes de mérite méconnus et repous- sés sont un vieux sujet de déclamation contre toutes les Aca- démies du monde. Mais si les hommes qui, par leur mérite, en sont dignes, ne siègent pas tous en même temps dans une Académie, tous, sauf de bien rares exceptions, n'y viennent- ils pas successivement prendre leur place? On ne songe pas que les Académies ne vivent et ne se perpétuent qu'à cette condition de trouver en dehors d'elles, pour réparer leurs pertes, des candidats dignes de leurs suffrages. Si vous comp- tiez aujourd'hui dans vos rangs, sans aucune exception, tous les hommes savants et lettrés de notre ville, quel ne serait pas votre embarras à la prochaine élection ? Formées et organisées en vue du développement des lettres et de l'avancement des sciences, les Académies ne se recom- mandent pas moins par la grandeur de leur talent que parle choix des membres dont elles se composent. Elles veulent éclairer les intelligences par la découverte du vrai, maintenir ou développer le bon goût par la recherche et l'appréciation délicate du beau ; or, est-il un plus noble but, une préoccu- pation plus élevée et plus pure, et où trouver parmi les hom- mes une association dont l'objet ait plus de grandeur et de libéralité?