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                      UY61ÈNË DUS FAMILLES.                        121
Arrêter le débordement de la chair et réhabiliter l'esprit, telle
a été la grande œuvre accomplie par le christianisme.
   Le christianisme avait à frapper un grand coup, car le mal était
grand. Le mouvement chrétien, comme tous les mouvements réac-
tionnaires, n'aurait-il pas dépassé le but qu'il se proposait d'attein-
dre ? Nous ne sommes pas éloigné de le croire et de voir en quelque
sorte la continuation, ou, si l'on veut, la conséquence de ce mouve-
ment dans la dégradation progressive de la race humaine et dans
le mépris, ou plutôt dans l'indifférence profonde de tout ce qui se
rattache à la beauté plastique et à l'amélioration de l'espèce.
   Nous ne voulons ni l'immolation, ni l'exhubérauce de lachair, et
ce n'est pas par l'avilissement et la macération du corps que
nous prétendons arriver à la gloriGcation de l'esprit.
   Esprit et matière, corps et ame, ne sont-ce pas là des pro-
duits également incompréhensibles et admirables de la volonté de
Dieu ? n'ont-ils pas à ses yeux une égale valeur? sa divine providence
ne veille-t-elle pas sur eux avec une égale sollicitude ? Le corps n'est
ni le maître, ni l'esclave de l'ame; liés l'un à l'autre dans un but
harmonique et impénétrable, les séparer n'est-ce pas altérer l'œu-
vre divine ? pourquoi chercher à désunir ce que la main de Dieu a
uni ? Le corps n'est pour l'ame ni une chaîne ni une prison, mais
un compagnon avec lequel elle doit accomplir sur cette terre un pè-
lerinage pacifique et mystérieux.
   Le christianisme, avons-nous dit, voulait l'abaissement de la na-
ture physique de l'homme, afin d'exalter sa nature morale; repor-
tons-nous aux temps où il a paru dans le monde, et nous com-
prendrons qu'il ne pouvait accomplir une réforme aussi radicale
qu'à l'aide d'une réaction violente, et en attaquant de front les
institutions et les croyances du paganisme. Mais, ce serait, à notre
sens, mal interprêter l'idée chrétienne, que de la considérer comme
étant en elle-même essentiellement opposée à toutes les tentati-
ves qui ont pour but le perfectionnement physique de l'homme; il
nous serait facile de démontrer que cet antagonisme n'est pas né-
cessairement inhérent à la doctrine du Christ. Il a été une né-
cessité, lorsque cette doctrine s'est trouvée en présence de la
civilisation antique , et qu'il a fallu commencer la lutte, mais