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78               DU MUSÉE LAPIDAIRE DE LYOX.
daire, et c'est quelque chose, au milieu de tant d'objets qui récla-
clament la sollicitude de l'administration municipale.
     En ces derniers temps, on a restauré les arcades de la galerie
lapidaire, et l'on a cherché pour ces restes, pour ces débris de la
domination romaine dans les Gaules, dans le Lyonnais, une classi-
fication, tout au moins un ordre meilleur ; mais on est allé trop
loin , par excès de zèle et par envie de bien faire.
     Ainsi, les inscriptions ont été peintes en rouge ; mais dans cette
opération inutile, dangereuse même, certaines lettres se trouvent
dénaturées, et ce qui était indécis par l'effet du temps ou par l'in-
curie du graveur, est devenu plus d'une fois explicite et affirmatif :
il n'en pouvait guère être autrement. Si l'on avait à cœur de facili-
ter au public l'entente des pierres du Musée, nous croyons qu'il eût
été peut-être plus simple et plus sage de passer sur la totalité de
 l'inscription une couleur, qu'on aurait ensuite enlevée par le frot-
 tement avec une étoffe de laine sur toute la surface polie de ia pierre,
 de sorte que les lettres, les cavités, les cassures se fussent seules
 et d'elles-mêmes dessinées, et que la main n'aurait pas eu à les
  chercher péniblement, au risque de rencontrer tout à fait mal.
      Nous pensons, au reste, qu'il fallait respecter les pierres, et lais-
 ser à l'œil du curieux et du savant toute sa liberté. Nous pensons
 également qu'il fallait s'épargner la peine de combler avec du stuc
 les lacunes et les cassures. D'un autre côté, s'il était besoin, pour
 les conserver, de réunir de petits fragments, au moins devait-on y
  regarder à deux fois, et s'épargner des dispositions aussi fâcheuses
 que celles d'unes tête qui se trouve au bas du petit escalier à gaucho
 en entrant. Cette tête a été si mal ajustée dans ses divers fragments
  qu'elle devient presque inexplicable. Rien n'eût été plus aisé que de
  la montrer dans son état normal ; il s'agissait de ne pas vouloir
  absolument l'encastrer dans la muraille. Ne poussons donc rien à
  l'extrême.
      Une autre erreur, et une erreur autrement grave, c'est d'avoir
  aussi encastré dans le mur la table ou les tables de Claude.
       On sait que ce prince, voulant faire octroyer à la ville de Lyon
  le droit honorifique et onéreux de colonie romaine, prononça en
  plein Sénat une harangue consignée pour le fond des idées dans
  l'historien Tacite, et gravée sur une table de bronze qui fut long-
   temps perdue, en sorte que lorsqu'on la retrouva, elle fut précieu-
   sement installée à la Maison commune. Elle avait passé de là dans
   le vestibule de l'Hôtel-de-Ville actuel d'où elle avait été apportée au
   Musée de Peinture, et placée sous un jour si mal choisi qu'il était
   difficile d'en lire quelques lignes. Or, ces deux incomparables mor-
   ceaux de bronze viennent encore d'être transportés ailleurs, et sont
    maintenant placés dans le mur de la galerie du Musée Lapidaire,
   à gauche en entrant.
       Quand on a mis là ces fragments, on n'a pas songé que le bronze
    s'oxyde au grand air, et qu'il s'oxyde plus fortement encore, s'il repo-