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72                           EXPOSITION
diesse si correcte, que tout d'abord on y reconnaît l'artiste adroit et
savant. Malheureusement dans ce tableau l'adresse remplace l'ins-
piration, le métier tue l'art.
   M. Hector Allemand a débuté d'une manière qui fait bien augurer
de son avenir; il y a de l'air dans sa Vue des bords de l'Ain. Le petit
(dbleau de M. Guyaud, Souvenir du Tyrol, est très joli de couleur.
   M. Lavie a exposé des paysages qui ont le grand mérite d'afficher
fort peu de prétention. Ces motifs simples, peu cherchés, rendus
sans manière sont, selon nous, très supérieurs à tous les efforts d'i-
magination et de palette des paysagistes qui pratiquent le paysage
de convention. Sa Vue de la Pacaudière est charmante comme
motif et comme couleur.
    Le paysage de M. Servan se fait remarquer par la vérité des ef-
fets et par l'harmonie générale; le ciel, les arbres, les mouvemenis
de terrains sont très bien rendus. La couleur est brillante sans cru-
dité, le pinceau est fin sans afféterie. Cet artiste est dans une bonne
voie.
   A force de vouloir créer ce qu'une certaine fraction des peintres
appelle emphatiquement du grand paysage, ils en sont arrivés à
représenter une nature sans forme et sans couleur ; n'est-il pas
temps de leur dire que l'excellence de l'exécution ne saurait excuser
cette erreur qui leur fait prendre le faux pour le grandiose? Voilà
M. Troyon, par exemple, ample et sévère paysagiste, à ses débuts>
que les lauriers de Cabat empêchent de dormir, et qui s'efforce
d'être encore plus triste, plus froid, plus morne que le maître.
M. Vanderbuch n'est pas bien loin d'éprouver la même velléité ;
M. Lambinet est un dissident qui n'a adopté qu'une partie de la
croyance. M. Lacroix se maintient dans sa manière ; son paysage
est sage d'effet, et d'une grande vérité d'aspect.
   Nous aimons les deux tableaux de M. Leleux, quoique ses      Zingari
se ressentent un peu de la prédilection qu'a cet artiste pour   la Bre-
tagne, coin chéri où il encadra ses premières inspirations;     cet ac-
cent local est moins sensible dans ses Baigneuses, où il        y a de
bonnes qualités de brosse et de crayon.
   On peut citer encore un beau paysage de M. Blanchard ; les pe-
tits tableaux de M. Richard de Toulouse qui fut le maître de Bras-