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70                           EXPOSITION'

qui donne à tous les objets l'air d'avoir été faits à l'emporle-
pièce. Tous deux sont pourtant gens de talent et de goût; ils
seront des artistes supérieurs quand ils voudront rentrer dans le
vrai.
   Des deux tableaux qu'a exposés M. Pagnon, celui que le public
 préfère est la Vue du lac de Ratz. Dans le fuyant, une montagne
qui reflète les derniers et pâles rayons du soleil couchant ; un ciel
chargé de nuages plus étranges que vrais, un lac vert, entouré
de collines, puis au-dessus, un oiseau solitaire, et deux ou trois
ligures indécises à l'ombre des grands arbres, tout cela porte en effet
l'empreinte d'une poésie profonde, et surtout éminemment triste;
mais nous préférons cependant les Bords de la Durance, où une
exécution plus solide et plus ferme, des plans accentués, un ca-
ractère large-et magnifique, rachètent un effet trop sévère, mais qui
provient de ce que le voisinage de tableaux bigarrés fait paraître
la gamme des tons plus sombre qu'elle n'est en réalité. Nous en-
gageons toutefois M. Pagnon à ne pas se renfermer dans des cadres
de si petite proportion.
    Au nombre des artistes sans système, il faut placer M. Achard
au premier rang. Chez lui, couleur, forme, tout est vrai, et par-
tant tout est beau.
    Les tableaux de M. Hostein s'éloignent de plus en plus de la re-
présentation exacte de la nature ; sa Forêt est une masse inerte de
couleurs sans vérité et sans charme ; cette peinture toute conven-
tionnelle n'a pas même le mérite de substituer le joli au vrai; il failt
excepter pourtant sa Colline de Six-Fours,et un autre petit tableau
dont le numéro nous échappe, où l'on retrouve les qualités de son
ancienne manière.
    En présence des tableaux de M. Sutter, on se demande comment
il a pu se trouver des gens assez aveugles pour prôner les œuvres
de cet artiste : c'est toujours une masse de couleur sans éclat et
sans vérité, une exécution systématiquement sèche et dure, une na-
 ure mal choisie, interprétée d'une manière triviale.
   Reposons-nous un peu devant cette nature si vraie, si calme, si
harmonieuse, dont M. Thuillierest l'habile interprête; il y a plaisir
à avoir à louer un tableau d'un ensemble aussi complet que sa Vue