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34 MÉMOIRE SUR L'ATLANTIDE. « Une tradition constante, dit Ghoiseul-Gouffier, semble prouver que cette île parut tout-à -coup aux yeux des Grecs étonnés qui l'appelèrent Délos , d'un mot de leur langue qui signifie : Je parais. Il est possible que le terrain de l'île, auparavant un bas-fond peu éloigné de la surface des eaux, ait été seulement soulevé par un effort intérieur des feux qui occupent cette partie de la terre. Peut-être aussi, dans une de ces révolutions que le globe a tant de fois éprouvées, le ni- veau de la mer a—t-il baissé dans celte partie et laissé à dé- couvert cette montagne qui, par son élévation, se trouvait plus près de la surface de la mer (1). » Mais on pourra nous présenter ici une objection puissante que l'amour de la vérité doit m'engager à ne pas dissimuler. La rupture des Colonnes d'Hercule, autrement du détroit de Gibraltar, n'a pas dû diminuer le niveau de la Méditerranée : elle aurait dû au contraire l'augmenter. Car c'est l'Océan qui s'introduit dans la Méditerranée, et non la Méditerranée qui débouche dans l'Océan (2). La preuve en est le grand courant qui entre par le milieu du détroit et qui porte continuelle- ment à l'est, de telle manière que les vaisseaux qui y entrent facilement par l'Océan, restent longtemps et quelquefois des mois entiers pour en sortir ; deux faibles courants latéraux seulement se dirigent à l'ouest. Mais cette objection, quelque victorieuse qu'elle paraisse, est heureusement plus spécieuse que solide. « Cet influx ap- parent de l'Océan dans la Méditerranée, dit Maltebrun, ce savant interprète de la géographie et de la science moderne, n'est que l'effet de la pression d'une masse plus grande sur une plus petite, pression qui déplace nécessairement les cou- ches supérieures de la petite masse, comme ayant la moindre (t) Voyage en Grèce, t. I, p. 60. (a) Grand-Pré : Diel. de Géographie maritime.