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 gnent une faveur marquée pour l'empririsme sensualiste ;
 dans leur système exagéré, ils sont tellement embarassés
 de la raison qu'ils lui préfèrent les sens. Nous avons, vu dans
 une discussion récente, l'école de Gondillac, proclamée par
eux beaucoup plus conforme au christianisme que celle de
M. Cousin. Cette anomalie s'explique; le sensualisme ne pro-
duira jamais une ontologie ; le rationalisme, en restant fidèle
à sa vraie méthode, pourrait créer celte science aussi parfaite
qu'elle peut l'être dans les limites de l'esprit humain, et le
traditionnalisme exclusif déclare cette science impossible ; de
là, son opposition au spiritualisme rationnel. D'autre part,
l'école rationaliste s'obstine jusqu'ici a ue procéder que par
la méthode expérimentale, c'est rendre l'ontologie impossible
ou la supposer telle, et, comme on ne peut s'en passer, c'est
proclamer qu'il faut la recevoir toute faite des mains du tra-
ditionnalisme, ce qui n'est plus de la science mais de la foi.
Or, l'éclectisme n'a pas de foi religieuse, en tant qu'école, il
est donc complètement sceptique.
    En combattant la méthode par l'absolu, le rationalisme et
le traditionnalisme arrivent donc tous les deux à ce môme
résultat de proclamer la négation de toute philosophie.
   Du reste, tout en constatant l'excellence de la méthode aprio-
ri, l'auteur de Y Unité spirituelle n'a pas voulu se priver des
secours de la méthode expérimentale, il a parfaitement compris
les différentes fonctions réservées à chacune de ces méthodes,
l'espèce de contrôle qu'elles sont appelles à exercer vis-à-vis
l'une de l'autre, et ce n'est pas un des caractères les moins
remarquables de son livre que cet emploi si sagement com-
biné des deux méthodes. Jusqu'à lui, l'une ne se montrait
jamais qu'à l'exclusion de l'autre, ou toutes les deux étaient
 mélangées sans discernement systématique. Le premier, il a
 procédé avec une régularité scientifique alternativement a
priori et a posteriori, tout en posant le principe que la psy-