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494 mouvement pour sortir. Un inconnu en s'avançant le retint, Madme de K. crut avoir vu déjà ces traits expressifs, celte taille élevée, mais rien n'aidait sa mémoire, quand réclamant un instant d'attention, il prit la parole en ces termes : « Je vous demande pardon de vous entretenir d'abord de faits qui me sont entièrement personnels, mais il est nécessaire que toutes les personnes rassemblées ici en soient instruites. Issu d'une grande famille de Portugal, je vins en France, maître de mes actions, à l'âge où l'on a le plus besoin d'un Mentor, en peu de temps je pris les habitudes, les mœurs de la société que je fréquentais, je devins joueur, joueur effréné ; après plusieurs pertes, assez considérables pour avoir jeté le désordre dans ma fortune, je contractais dans une nuit une dette telle, que mes ressources du moment furent insuffisantes pour l'acquitter ; j'attendais des fonds de Lisbonne, mais il fallait payer sur le champ. Une femme que j'aimais m'offrit son écrin, j'acceptai les joueurs perdent vite la délicatesse et l'honneur ! je trouvai chez un usurier la somme qui m'é- tait nécessaire, mais avant qu'il me fut possible de la rembour- ser, le mari s'aperçut que sa femme n'avait plusses diamants; interrogée, pressée, elle déclara qu'on les lui avait volés. La police découvrit bientôt l'usurier, dépositaire du fatal écrin, et je fus accusé ! La femme que j'idolâtrais, à laquelle j'avais sacrifié ma patrie et mon père, soutint l'accusation qui me flétrissait, je me tus, et je fus condamné aux galères ! Le 17 janvier 18.., ainsi que le registre du bagne en fait foi, je par- vins à m'échapper ; ce fut chez Madme de K., où je pénétrai à son insu, que je trouvai, malgré son juste effroi, l'asile qui assura ma fuite, et c'est moi qu'on a vu sortir par sa fenêtre ! bénissant la bonté d'ange qui me sauvait, je revis ma patrie ; là , j'appris que pressée par sa conscience, la femme qui me perdit avait, en mourant, fait une rétractation authentique qui me réhabilitait. J'arrive en France: mon premier besoin