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   Il y a, par le temps où nous sommes, un tel besoin de pro--
duire vîle et de répondre aux exigences du journalisme et de
la presse à la vapeur que, à l'aide de la traduction, nos auteurs
imberbes nous donnent, comme l'Å“uvre de leur cerveau, les tra-
vaux des littérateurs étrangers. On n'a plus le temps de pen-
ser, on a à peine le temps d'écrire.
    Nous aussi, nous avons eu déjà l'occasion de signaler et de
flétrir cette honteuse monomanie littéraire de notre époque, et
cela à propos des Parfums de Magdeleine, poème de M. Victor
de La Prade, que s'était impudemment attribué un jeune col-
légien de Paris. Voilà qu'aujourd'hui encore un de nos collabo-
rateurs, M. Béliard vient de se trouver en butte à une accusa-
tion de plagiat, parce qu'il s'est rencontré, en 1833, à Lyon
un M. Gaubert, officier, alors en garnison, qui lui a fait l'hon-
 neur de donner son nom à un article que lui, M. Béliard, avait
écrit à Troyes, en 1831, dans le Journal de ï'Aube et qu'il
avait considérablement augmenté en le donnant à notre Revue.
Cette grave imputation devait tomber tout entière devant les
 dates victorieuses de M. Béliard.
    Nous nous rappelons queM. Gaubert n'en est pas à son coup
 d'essai en ce genre, et voici ce que M. Aimé de Loylui écri-
 vait en 1833 :
                               Francfort-S-L-M, le 9 septembre i833.

      A 31. H.-C. Gaubert [domicile inconnu).

               Monsieur,

  Je trouve dans le Papillon u° 7, une pièce de vers intitulée : A Toi et signée
de vos nom et prénoms. Permettez-moi de vous remercier, par la voie de
votre journal, de l'honneur que vous avez bien voulu me faire en adoptant cette
humble production déjà publiée dans le Mémorial de la Scarpe. Je suis sans
doute très reconnaissant de votre obligeance, mais j'ai vu avec quelque peine
que vous ayez cru devoir changer huit ou dix vers, et en retrancher un plus
grand nombre : le code civil ne dit pas qu'il soit permis d'estropier les enfants
que l'on adopte.
                                                   A. DE LOÃ.