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274 lante et ornée de plus de dons qu'il ne t'en avait conféré; il ne t'a pas perdue, il ne l'a que transplantée; tu nous resteras dans l'éternité. C'est là ma ferme espérance. C'était aussi celle qui respirait dans des paroles que je regrette de ne pouvoir vous citer que par lambeaux, car elles valent sur- tout par l'ensemble du discours dont je les lire. « Cette vie, disait l'orateur en s'adressant en un jour de fôte aux jeunes gens qu'il couronnait, cette vie, je l'ai en grande partie par- courue; j'en connais les promesses, les réalités, les déceptions; vous pouvez me rappeler comment on l'imagine, je veux vous dire comment on la trouve.... On la croit longue, elle est très courte : car la jeunesse n'en est que la lente préparation et la vieillesse n'en est que la plus lente destruction. Dans sept à huit ans vous aurez entrevu toutes les idées fécondes dont vous êtes capables, etilne vous restera qu'une vingtaine d'années deforce pour les réaliser. Vingt ans! c'est-à -dire une éternité pour vous, et en réalité un moment... Votre âge se trompe encore d'une autre façon sur la vie : il y rêve le bonheur, et celui qu'il y rêve n'y est pas Ces nobles instincts qui parlent en vous et qui vont à des buts si hauts, ces puissants désirs qui vous agitent, comment ne pas croire que Dieu les a mis en vous pour les contenter et que cette promesse, la vie la tien- dra? Oui, c'est une promesse ; c'est là la promesse d'une grande et heureuse destinée, et toute l'attente qu'elle éveille en votre à me sera remplie ; mais si vous comptez qu'elle le sera en ce monde, vous vous méprenez.... « Pardonnez-moi, dans un jour si plein de joie pour vous d'avoir arrêté votre pensée sur des idées aussi austères. C'est notre rôle à nous, à qui l'expérience a révélé la vérité sur les choses de ce monde, de vous la dire. Le sommet de la vie en dérobe le déclin; de ses deux pentes, vous n'en connaissez qu'une, celle que vous montez; elle est riante, elle est belle elle est parsemée comme le printemps. Il ne vous est pas