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synthétiques a priori. Ainsi toutes les questions que l'on peut
 élever sur la possibilité de la métaphysique se ramènent à
 cette question unique : quelle est la possibilité et la valeur
 des jugements synthétiques a priori ? Toute la critique de
 la raison pure est la réponse à cette question. De telles pré-
 misses sont pleines de vérité et de raison, et M. Cousin leur
donne une pleine et entière approbation. Jacobi a dit de la
 philosophie de Kant, qu'on y entrait avec le sens commun,
 mais qu'avec le sens commun on ne pouvait y rester. Nous
venons de voir comment on y entre avec le sens commun,
en suivant la critique de M. Cousin, nous allons voir pour-
 quoi, avec le sens commun, on ne peut y rester.
    En effet, comment Kant répond-il à cette question dans
laquelle non-seulement le sort de la métaphysique, mais
encore celui de toute espèce de certitude est engagé, puis-
qu'en dernière analyse toute certitude a pour fondement un
jugement synthétique a priori. Selon Kant, les jugements
synthétiques a priori n'ont point de valeur objective, ils ne
valent que comme règles et formes de notre pensée. Ces ju-
gements par lesquels nous affirmons que tout corps est dans
l'espace, que tout phénomène est dans le temps, ne sont
que des formes de notre sensibilité. Hors de notre pensée
il n'y a ni temps, ni espace; supprimez l'esprit humain, sup-
primez la pensée, il n'y aura plus ni temps ni espace. Il
en est de même de tous ces jugements que porte l'entende-
ment soit sous le rapport de la quantité, soit sous le rapport
de la qualité, soit sous le rapport de la relation, soit sous
le rapport de la moralité, en un mot, il en est de même
des catégories qui selon Kant, ne sont encore que des formes
de l'entendement, comme le temps et l'espace ne sont que
des formes de la sensibilité. Les idées transcendentaies de la
raison elle-même, ces idées qui semblent nous emporter si
loin au de là des bornes de l'expérience et saisir l'absolu»