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chez Michel Jove et Jean Pillehotte, en 1577. C'est un in-8° de
 72 pages, aujourd'hui très rare. Le discours embrasse trois
points : la religion, la police et les finances. Nous ne pouvons,
à une distance de 265 ans, porter sur cette oeuvre le même ju-
gement que les contemporains ; mais si l'on tient compte de
l'état de tâtonnement, d'affectation, de recherche et de ridi-
cule emphase, où en était l'éloquence politique, non moins que
l'éloquence religieuse^ on verra qu'il y avait de la faconde et
du fond dans Pierre d'Epinac. Sa parole est indépendante et
libre, comme il convient à un évêque, mais elle est réservée
aussi. Je ne crois pas que, de nos jours, on fût si hardi et si
franc auprès d'un roi; les courtisans s'en indigneraient de tou-
tes leurs forces. Pierre d'Epinac, dont la Harengue a été infi-
dèlement citée par Sismondi, réprésente d'abord à Henri III
que « l'une des plus grandes incommoditez qui accompagnent
Testât royal, c'est que le prince ne peut entendre les deffauts
qui sont en son estât, que par la bouche de ceux qui sont au-
tour de ses oreilles, et iceux luy estans bien souvent dissimu-
lez, il ne peut, bien qu'il en e u s t b o n n n e volonté, les reparer
pour contenter son peuple (page 6). » Quant à ce qui e s t d e
l'Eglise, messire d'Epinac réclame l'ancienne forme d'élection
aux prélatures, afin que les dignités spirituelles ne soient plus
conférées à la faveur et à l'ambition (page 26-7). Il demande
des lois justes et faites pour tous, « pour les gratis et pour
les petits, pour les riches et pour les pauvres ; » il sollicite des
magistrats intègres ; « car c'est chose toute manifeste etapertei
que pour créer un iuge l'on n'examine pas la capacité de son
sçavoir,l'on ne iuge pas l'intégrité de sa vie, l'on ne met point
en avant sa longue expérience, Von n'a point de respect à l'aage
et à la vertu, mais seulement on regarde si les escus sont de
poids (pag. 47). »
  Le trésor public était épuisé, et la première cause, suivant
d'Epinac, c'était « la multitude des officiers des finances, le
nombre desquels on créa si démesurément et extraordinaire-
ment, que leurs gaiges, dépenses, frais et vacations, absorbent