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trompette de Dieu. Car lorsque Dieu tonne, cela fait presque
comme un coup de timbale, poumerlé poump ! C'est le cri de
guerre et le taratantara du bon Dieu. Alors tout le ciel reten-
tira de ce bruit : Kir, kir, poumerlé , poump (1) ! »
   Le dialogue est, de toutes les formes littéraires, celle que le
Rire adopta de préférence en Allemagne, dans le duel entre la
Réforme et le Catholicisme. Le fond en était léger : les détails
seuls brillaient par la broderie. C'était un conciliabule de moi-
nes, une thèse de théologie, une aventure nocturne de dortoir,
un festin de prêtres, une visite de médecin entre deux grilles.
L'action était prise dans les mœurs conventuelles , dans la vie
sacerdotale ou dans le régime scholaire. La scène se passait
ordinairement dans quelque vieille sacristie. L'acteur portait
presque toujours un capuchon, un rabat, une soutane noire,
violette ou rouge. Il parlait latin, mais un latin de frère por-
tier ; ou bien allemand, mais un allemand de tabagie. L'au-
teur, plus hardi qu'Aristophane lui-même, nommait en toutes
lettres le malheureux qu'il voulait jouer, ou se contentait
d'ôter ou d'ajouter une lettre au nom du personnage. En sorte
que le peuple n'avait pas besoin de commentaire pour deviner
le poète : s'il allait au marché, il pouvait rire en voyant passer
à ses côtés le comédien malencontreux ; à l'église, il l'enten-
dait chanter au lutrin ; en chaire, il l'écoutait parler ; à l'é-
cole, il pouvait le voir expliquant Aristote ou saint Thomas :
le programme du dialogue était comme une affiche de spec-
tacle.
   Ici le Rire va revêtir une autre figure : Hutten remplace
 Luther.
   Ulrich de Hutten, né en 1488, au château de Steckelberg ,
en Franconie, est une de ces organisations excentriques que le

  (i) ïlœgel, Geschicbte der Komiseheii Litteratur. T. I. p. ^58, cité par M,
Peigiiot : Praedicatoriana, p. io5.