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145 Ne fait jamais défaut quand son troupeau l'appeile ; Son tribunal sacré nuit et jour est ouvert : Jamais la chaire vide ou le temple désert Du ministre du ciel n'accuse l'inertie. Ses vacances, à lui, c'est lafinde sa vie; Le jour de son repos n'a pas de lendemain : En attendant,debout, il poursuit son chemin. Le médecin, parfois, met-il bas son enseigne? Non, certe, infatigable, il taille, il purge, il sai gne : Ses ordres absolus, sans trêve, font mouvoir Le fer du bistouri, le piston du clyscir. A toute heure, à sa voix, la cantharide pique, Le laudanum ruisselé, il pleut de l'émétique. Toujours le médecin, pareil au Juif-Errant, Marche droit devant lui, va du mort au mourant : Il croit n'avoir rien fait lorsqu'il lui reste à faire, Et tant que des humains peupleront cette terre Rien ne ralentira son zèle et ses efforts : S'il s'arrête une fois, c'est que tous seront morts. Le soldat, sans façon, abandonnant ses armes, D'un congé, tous les ans, savoure-t-il les charmes ? Le voit-on un beau jour, déserter ses drapeaux, Pour encaver son vin ou soigner ses troupeaux? A l'heure où des combats il faut tenter la chance Dit-il à l'ennemi, moucher, j'entre en vacance, Vous reviendrez plus tard régler ce différend? Le soldat est toujours droit et ferme à son rang ; Une cause, par lui, n'est jamais ajournée; 11 est prêt à mourir tous les jours de l'année. Voyez sur nos vaisseaux, ce robuste marin Cet homme dont le cœur bat sous un triple airain, Sur le premier signal parti du télégraphe, S'élançantaux agrès, chauffant son piroscaphe, Il est prêt à voler au bout de l'univers. 10