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     Il faut féliciter M. Montmartin d'avoir pris en main la défense d'une cause
  qui, à ce qu'il paraît, a grand besoin d'être défendue. Il a fait justice de tous
 les pitoyables sophismes sur lesquels les collatéraux déshérités tentent d'ap-
 puyer leurs prétentions. Les considérations par lesquelles il les combat sont
 aussi justes qu'élevées, à quelque point de vue qu'on se place, elles ne laissent
 lieu à aucune réplique. Espérons donc qu'elles nous épargneront le spectacle
  d'une grande injustice et d'un grand scandale.
                                                                             F.-lî.



 ÉLECTIONS DE T / A C A D E M I E   FRANÇAISE. —    M.   BAELANCHE.   M.   PASQTJIEft   PREFERE.

                                     A M.   ALFRED DE     VIGNY.




     Après avoir échoué dans trois candidatures devant trois vaudevillistes, un
  des penseurs les plus profonds, un des écrivains les plus purs et les plus har-
  monieux qu'ait eu la France, notre compatriote Ballanche vient d'entrer à
  l'Académie ; l'élévation même de son talent explique comment, il a obtenu si
  tard la renommée; mais son nom est destiné à grandir à mesure que le temps
  aura formé parmi nous une génération plus sérieuse, et fait lever sur les œuvres
  du poète cette lente aurore que toute grande pensée attend pour être bien com-
  prise. Les admirateurs les plus fervents du philosophe lyonnais ne s'étonnent
 pas de voir ses écrits si peu populaires encore ; mais si les intelligences vul-
 gaires ont pu méconnaître l'auteur de VAnligone, d'Orphie et de la Palingéndsie,
 il devait sembler qu'à tout le moins l'Académie française apprécierait plus
 promptement ce haut spiritualisme et l'admirable perfection de ce style qui se
 rattache d'une manière si frappante à celui du grand siècle. Il n'en a pas été
 ainsi, Ballanche comparé à M. Scribe, à M. Ancelot et à M. Dupaty, a été
 trouvé moins littéraire que ces messieurs par le premier corps littéraire de
 FKance ; et maintenant que l'Académie rend une justice tardive à notre conci-
toyen, la répartition de ses votes dans cette élection nous donne le droit de
penser qu'en choisissant l'illustre philosophe, elle a voulu satisfaire sur un point
l'opinion du monde éclairé, pour faire passer le choix d'un autre personnage
 que chacun a vu avec une immense surprise admis au fauteuil académique.
 C'est cependant sur ce candidat que l'Académie paraît avoir porté toutes ses
 complaisances; il a eu a3 voix et Ballanche 17. La philosophie, la poésie, tout
 cela est de moins de prix à l'Institut qu'une robe de chancelier.
   Avec M. Pasquier, se présentait encore un homme qui a donné à la littéra-
ture française Chatterton, Stello, Cinq-Mars, Grandeur et Servitude militaire;
qui, l'héritier le plus direct d'André Chénier, a inauguré la poésie moderne