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De chaque forme du monde s'élève une révélation, de chaque révé-
lation une société, de chaque société une voix dans le chœur univer-
sel ; il n'est pas un point égaré dans l'espace ou le temps qui ne
 figure pour quelque chose dans la révélation toujours croissante de
 l'éternel. La création, d'abord séparée de son auteur, tend de plus
 en plus à se rattacher à lui par le lien de l'esprit, et la terre enfante
 véritablement son dieu dans le travail des âges. »
    La terre est le premier temple, l'Asie a commencé le premier acte
de la liturgie dont l'humanité est le prêtre ; mais la nature y est si
riche que l'homme n'ira pas chercher plus loin sa divinité, il l'y trou-
vera dans une incarnation merveilleuse, il s'arrêtera au Panthéisme.
    Mais il est une contrée « où la nature est, pour ainsi dire, morte
et abolie ; l'ame seule reste debout en face du Créateur. L'univers
disparaît pour ne laisser voir que la main qui l'a fait. »
    Ce pays, c'est le grand désert d'Arabie ; « il n'est rien sur la carte,
il est presque tout dans l'histoire. C'est là qu'éloigné du monde sen-
sible, séquestré en quelque sorte loin de toute forme, de tout signe
et presque de toute créature, c'est laque séparé de l'univers, l'homme
s'élèvera presque nécessairement à l'idée pure du Dieu-Esprit. Trois
cultes sont nés, ont grandi dans le désert: ceux de Moïse, de l'Evan-
gile, de Mahomet: Jéhovah, le Christ, Allah, trois dieux sans corps,
sans simulacres, sans idoles, sans figure palpable. »
    Le Judaïsme échappe en s'isolant aux séductions du monde orien-
tal. L'Islamisme se révolte contre lui; mais, admettant la fatalité, il
retombe dans ce que l'on peut appeler le dogme naturel de l'Asie.
Le Christianisme résiste à cette puissance de l'Orient en le quit-
tant ; il s'empare de l'Europe où l'unité de la nature révèle plus
qu'en aucun autre lieu l'unité du Créateur.
    L'Amérique semble être une terre de médiation faite pour conci-
lier un jour le génie de l'Orient et celui de l'Occident ; « s'il en est
parmi nous qui pensent que tout est fini, que la foi est tarie, que la
Cybèleest devenue stérile, il faut qu'ils sortent de cet engourdisse-
 ment, qu'à la vue de cette prophétie écrite sur la face de la terre,
 ils restent persuadés que l'histoire religieuse et civile n'est pas sus-
 pendue, que la création se développe, que la Genèse intellectuelle
 continue, que la révélation de l'esprit par la forme s'accroît, que le