Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                382
dant, a connu les psaumes de David, ce chef-d'Å“uvre de la lyre
orientale. Il les a étudiés avec soin, puisqu'il les a traduits ; on
voit même qu'il a su en comprendre la magnificence, en sentir
les beautés hardies et majestueuses. N'écrit-il pas à François Ier
en lui dédiant sa traduction :
          ... Ici sont les louanges écrites
          Du roi des rois, du Dieu des exercites ;
          Ici David, ce grand poêle hébreu,
          Nous chante et dit quel est ce puissant Dieu.


         Pas ne faut donc qu'auprès do lui Horace
         Se mette en jeu, s'il ne veut perdre grâce ;
         Car par sus lui vole notre poète,
         Comme ferait l'aigle sur l'alouette,
         Soit à escrire en beaux lyriques vers,
         Soit à toucher la lyre en sons divers.
   Malgré cela, Marot a échoué complètement à l'œuvre; soit
défaut de la langue, soit défaut du poète, cette malheureuse
traduction ne nous donne pas la plus légère idée de la noblesse
et de l'élévation de l'original.
   Avec Marot et Mellin de Saint-Gelais, qui ne fit qu'imiter
et continuer Marot, nous arrivons au milieu du XVI e siècle, et
nous touchons à Ronsard. Ainsi, pendant un siècle et demi,
nous avons eu beau scruter avec soin tous les poètes de la France,
fouiller jusqu'aux Å“uvres les moins connues, nous n'avons
rencontré ni grandeur ni enthousiasme ; çà et là seulement
une légère teinte de philosophie mélancolique nous est appa-
rue, mais nulle part le véritable essor de la muse lyrique.
Rien ne ressemble encore ni à l'hymne sacré de l'Orient, nia
l'ode religieuse et nationale de la Grèce ; poursuivons notre
course, et voyons si la France en sera éternellement privée.
  Il est fâcheux de l'avouer, mais c'est une vérité incontesta-