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 l'enthousiasme. Aussi est-ce du poète lyrique que l'on peut
 dire avec le plus de vérité :
    Non mortale sonans, afjlatus numine quando
    Jam propiore Dei (1).
    La poésie lyrique a été, dans son origine, essentiellement
 religieuse, et si depuis elle a changé souvent de caractère, c'est
qu'elle a dû suivre fidèlement les nombreuses transformations
qu'a subies l'humanité. Mais, malgré ces vicissitudes multi-
pliées, elle a conservé la trace de sa première nature, en ce
sens qu'elle a toujours dû et qu'elle doit encore aujourd'hui au
sentiment religieux ses plus nobles et ses plus sublimes inspi-
rations. Si dès l'origine elle a été religieuse, il est également
vrai de dire qu'en remontant le cours des âges, c'est elle
qu'on rencontre la première dans la plus haute antiquité et
jusqu'au berceau même du genre humain. On l'a déjà dit bien
des fois, le premier cri de l'humanité vers le ciel a été un
hymne. Les premiers poètes ont été des poètes lyriques,
Moïse et David, qui chantaient, l'un et l'autre, sous l'inspira-
tion du souffle divin, avec cette seconde voix que

       Les cieux appellent Grâce, et les hommes Génie.

Le monde où, pour la première fois, cette voix s'est fait en-
tendre a été l'Orient, ce monde prédestiné, où la poésie écla-
tait de toutes parts en spectacles grandioses, ce monde où
l'homme avait reçu tant de bienfaits de Dieu, où il trouvait
tant d'occasions de chanter ses louanges, et de faire monter jus-
qu'au ciel les soupirs d'une ame pleine de reconnaissance et
d'amour.
   Ainsi la nature primitive, le caractère constitutif de la poé-
sie lyrique est de s'adresser à la divinité, et ce caractère se

        (i) Mais, lorsque de plus près le Dieu parle à son cœur,
            Alors sou air, sa voix n'ont rien d'une mortelle.
                                                      DELUXE.