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366 sont à l'abri de ses atteintes! Que l'une précède l'autre dans le ciel, c'est pourl'attendre, et dans cette attente même, auraient-elles cessé d'être ensemble, d'être l'une à l'autre de se chercher, de se rencon- trer sans cesse! Chassez ses craintes, chère maman, elles sont indi- gnes d'un amour dont la flamme pure et céleste peut être attisée, mais jamais éteinte par l'impuissante haleine des vents qui soufflent sur cette terre. » Dès cette époque, ces craintes de ma tante avaient pris à ses yeux un degré de réalité qui la préoccupait beaucoup. A divers signes elle croyait reconnaître chez Elisa les indices secrets de quelque dépé- rissement. Une pâleur plus habituelle avait remplacé les tendres cou- leurs de ses joues ; quelque maigreur s'était mêlée à la finesse de ses traits, et tandis qu'un air plus frêle s'attachait à son visage, le feu calme et profond de son regard indiquait trop qu'une âme ardente mi- nait lentement ce corps si gracieux et si fragile. Bientôt ces craintes devinrent assez fortes pour provoquer des soins qui en révélèrent le sujet à Widmer. Par le conseil des médecins, ma tante dut conduire sa fille dans des climats plus doux, où néanmoins le voisinage des monts mêlât à la chaleur de l'air son influence vive et restaura- trice. Dès le printemps suivants, elles partirent pour la cité d'Aoste, petite ville du Piémont, voisine des gorges du grand Saint-Bernard, et où la proximité des Alpes tempère la chaude haleine des vents d'Italie. Les deux amants se séparèrent, triste essai de la sépara- tion plus longue dont ce jour était le présage ! Mais pour les cœurs passionnés, tout est aliment à la flamme qui les dévore. Dans ce nouveau séjour, Elisa, loin de Widmer, se consumait de l'impatience de le rejoindre ; contrainte de ne plus le voir, de ne plus lui parler, elle suppléait à ces douceurs par l'essor de sa pensée constamment présente aux rives où elle savait que Widmer coulait un ingrat exil ; elle observait en regard de son amant ces lieux nouveaux, cette peuplade étrangère, ce pittoresque assem- blagede ruines romaines et d'habitations modernes qui caractérisent, la ville d'Aoste ; elle s'émouvait à centempler, si voisines de ce val- lon fleuri, les cimes neigeuses des grandes Alpes, et jalouse de n'é- prouver rien où son ami ne fût en part, elle passait les longues heu- res du jour à lui retracer ses impressions, mêlant les poétiques