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si ne pourrait se tenir debout. Larépufation méridionale de M. Colin devient de plus en plus énigmatique pour nous. Arrêtons-nous devant le paysage de M. Louis Cabat, conçu dans un genre qui étonne notre public peu habitué aux partis larges et sévères. C'est la vue d'un chemin qui monte vers une ville du Judée; d'un côté du chemin, de grands arbres s'élancent vigoureux ; de l'autre, un terrain descend en pente rapide sans aucun accident pitto- resque; sur le premier plan, deux figures et plus haut un pauvre cheval broutant quelques brins d'herbe ; voilà tout le paysage ; il n'y a ni torrent, ni rocher; rien n'est plus simple, aussi rien n'est plus solennel; l'exécution est à la hauteur de la compo- sition, calme, parfaitement approprié aux objets; là , point d'effet cherché ; c'est la nature étudiée à fond par l'esprit le plus poétique, et transportée sur la toile par la main la plus conscien- cieuse. On ne saurait trop louer l'exquise finesse de ton du ciel et la fermeté des terrains. Nous nous plaisons à rendre entière justice à M. Cabat, qui, fils de ses œuvres, est parvenu sans amis, sans intri- gue, sans fortune, à se placer au premier rang parmi nos meilleurs paysagistes. Enfant du peuple, il n'était, à l'époque de la révolution de juillet, qu'un ouvrier des Gobelins ; aujourd'hui les amateurs belges placent ses tableaux entre ceux d'Hobemma et de Ruysdaël, et celui qu'il nous a envoyé pourrait être signé Nicolas Poussin. M. Aligny a trouvé une excellente manière d'éclairer sa char- mante vued'Ischia. L'effet en est aussi simple que possible, et pour- tant on ne doit point croire qu'il soit dépourvu de science. Car si M. Cabat est le plus complet des paysagistes de notre époque, M. Aligny en est certainement le plus savant. Le soleil qui éclaire les fabriques et les rochers est chaud et vrai tout à la fois; mais ce mé- rite que recherche plus d'un de nos peintres ne forme qu'une qualité du second ordre dans Je talent de M. Aligny. Il est, avant tout, noble, sévère; il a, plus que tout autre, l'entente des belles lignes et des belles formes. L'auteur du Prornéthêe nous paraît être, de tous les modernes, celui dont les compositions rappellent le mieux celles du Poussin. M. Corot est aussi un paysagiste puissant à beaucoup d'égards; an sentiment profond de la lumière, do l'originalité dans ï'ajuste-