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14 S. M. s'amusât à ces bagatelles (1); que, pour lui, il en avait appris tout son soûl dans le collège, étant petit garçon, mais qu'il se savait bon gré d'avoir tout oublié, lorsqu'il était par- venu à l'âge de raisonnement. Un tel mépris du passé explique cette ignorance profonde de l'histoire de la philosophie, dont on trouve les traces dans presque tous les ouvrages de Descartes. Ce mépris de l'his- toire a passé du maître aux disciples; si l'on ne savait com- bien toutes les réactions sont injustes, on ne pourrait com- prendre ce dédain avec lequel Descaries, Malebranche, les auteurs de la logique de Port-Royal, traitent tous les philo- sophes anciens et en particulier Aristotc. La philosophie du XVIIIe siècle a hérité de cet esprit du cartésianisme. Elle a laissé de côté l'histoire, ou quand elle a voulu en faire, elle l'a étrangement défigurée. L'étude dupasse en général, et de la philosophie en particulier, n'a été remise en honneur qu'au XIXe siècle, et l'on a seulement compris de nos jours, comme autrefois l'avait si bien compris Aristote, qu'il existe un rapport intime entre l'histoire de la philosophie et la philosophie elle-même. Cependant il ne faudrait pas trop s'exagérer l'ignorance de Descartes ; il n'a pas été et il ne pouvait être complète- ment étranger à tout le passé philosophique. Elève des Jésui- tes au collège de la Flèche, il dut y apprendre tout ce qu'a- lors on y enseignait de philosophie scholastique. Il connaissait et avait étudié les ouvrages de saint Thomas, si nous nous en rapportons au témoignage de Baillet, qui nous apprend qu'il n'avait embrassé ni débité d'autre philosophie morale que celle de saint Thomas, qui était son auteur favori, et presque l'unique théologien qu'il eût jamais voulu étudier. Quant aux philosophes qui l'avaient immédiatement précédé, (i) Vie de Descentes par Baillet, 2e partir, p. 3 9 G.