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S. M. s'amusât à ces bagatelles (1); que, pour lui, il en avait
appris tout son soûl dans le collège, étant petit garçon, mais
qu'il se savait bon gré d'avoir tout oublié, lorsqu'il était par-
venu à l'âge de raisonnement.
   Un tel mépris du passé explique cette ignorance profonde
de l'histoire de la philosophie, dont on trouve les traces dans
presque tous les ouvrages de Descartes. Ce mépris de l'his-
toire a passé du maître aux disciples; si l'on ne savait com-
bien toutes les réactions sont injustes, on ne pourrait com-
prendre ce dédain avec lequel Descaries, Malebranche, les
auteurs de la logique de Port-Royal, traitent tous les philo-
sophes anciens et en particulier Aristotc. La philosophie du
XVIIIe siècle a hérité de cet esprit du cartésianisme. Elle a
laissé de côté l'histoire, ou quand elle a voulu en faire, elle
l'a étrangement défigurée. L'étude dupasse en général, et de
la philosophie en particulier, n'a été remise en honneur
qu'au XIXe siècle, et l'on a seulement compris de nos jours,
comme autrefois l'avait si bien compris Aristote, qu'il existe
un rapport intime entre l'histoire de la philosophie et la
philosophie elle-même.
   Cependant il ne faudrait pas trop s'exagérer l'ignorance
de Descartes ; il n'a pas été et il ne pouvait être complète-
ment étranger à tout le passé philosophique. Elève des Jésui-
tes au collège de la Flèche, il dut y apprendre tout ce qu'a-
lors on y enseignait de philosophie scholastique. Il connaissait
et avait étudié les ouvrages de saint Thomas, si nous nous
en rapportons au témoignage de Baillet, qui nous apprend
qu'il n'avait embrassé ni débité d'autre philosophie morale
que celle de saint Thomas, qui était son auteur favori, et
presque l'unique théologien qu'il eût jamais voulu étudier.
Quant aux philosophes qui l'avaient immédiatement précédé,

  (i) Vie de Descentes par Baillet, 2e partir, p. 3 9 G.