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  condamnée n'atteindre riendetranscendental. Si je consens à n'avoir
 aucune connaissance de cet x, si je n'en veux rien affirmer, à la
 bonne heure ; mais si j'en veux savoir quelque chose, je ne le puis
 que par la conscience ; car, Kant le reconnaît expressément, «je ne
 puis avoir la moindre représentation d'un être pensant que parla
 conscience. » Et pourtant, d'après la théorie générale, il répugne
 que la conscience apprenne rien sur la nature des êtres pensants
 comme des autres êtres : « Tous les modes de la conscience de soi
 dans la pensée, considérés en eux-mêmes, ne sont pas encore des
  concepts intellectuels d'objet, et ne donnent à connaître aucun objet
 à celui qui pense, et par conséquent pas plus moi-même comme objet
 que tout autre. » La conclusion de Kant est donc : 1° que le moi ré-
sultant du je pense n'est qu'un sujet logique, et non pas une subs-
 tance réelle ; 2e encore bien moins une substance simple, mais seu-
 lement un sujet logiquement simple. Il en est de même de l'identité
du moi ; c'est une identité logique, « et non pas l'identité de la per-
sonne au moyen de laquelle la conscience de l'identité de sa propre
substance, comme être pensant, serait entendue dans tout change-
ment d'état... etc.. »
    " Ce serait, dit Kant, une grande et même la seule pierre d'achop-
pement contre toute notre Critique, s'il était possible de démontrer
a priori que tous les êtres pensants sont des substances simples qui,
comme telles, emportent avec elles nécessairement la personnalité,
et ont conscience de leur existence séparée de toute matière ; car
ainsi nous aurions fait un pas en dehors du monde sensible, nous
serions entrés dans le champ des noumènes, et personne ne nous
contesterait plus le droit de défricher ce fonds, d'en prendre
possession et d'y bâtir. Cela porterait un coup mortel à toute
notre Critique, et donnerait raison à l'ancienne méthode ; mais,
en regardant la chose de plus près, on aperçoit que le péril n'est pas
si grand. »
    Remarquons en passant qu'ici l'ancienne méthode est la méthode
cartésienne, transmise de Descartes à Leibnitz, de Leibnitz à Wolff
et à l'Europe tout entière, méthode qui sur le cogito établit l'exis-
tence réelle de l'ame, son identité, sa simplicité, sa spiritualité. Le
péril dont parle Kant serait donc de revenir à la certitude de l'exis-