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    — Vilaine bête, veux-tu bien marcher! au concile, au con-
cile (1)!
    Il fallait bien raconter ces prodigieuses imaginations du
génie réformateur, si nous voulions donner une idée du Rire,
dans l'une des représentations matérielles de l'art. L'historien
ne saurait être blâmé, parce qu'il a soulevé, comme la fille de
Loth, un pan de la tunique luthérienne. Serait-ce simplement
pour dérider quelques fronts moroses, qu'il aurait étalé aux re-
gards ces bouffonnes nudités ? A Dieu ne plaise ! L'histoire,
cettefillede la vérité, porte aussi un miroir où Hulten apparaît
avec son dialogue obscène, Luther avec ses causeries trempées
de vin et de bière, Mélanchthon, avec sa légende comico-
sérieuse, pour nous montrer jusqu'où peut s'abaisser l'intelli-
gence qui n'écoute que sa colère ! Voyez combien la parole,
ce beau don du Seigneur, a été par eux souillée ! En vérité,
s'il est une ame qui dut rester pure, c'était celle de cet ado-
lescent, qui porte dans l'œil, sur les lèvres, sur la figure, quel-
que chose de raphaélique ; de ce professeur parfumé de lan-
gue grecque, qui verse chaque jour à ses auditeurs le nectar
homérique ; de cet hôte d'un monde idéal peuplé des di-
vines ombres de Platon et d'Aristote ; du commensal d'E-
rasme, de Sadolet, de la Rovère ! Pour plaire à je ne sais
quelles exigences terrestres, pour amuser un peuple d'écoliers
et de marchands, le voilà qui consent à jeter de la boue à la
face de cette royauté spirituelle qui civilisa le monde !
    Pendant qu'il s'étudie ainsi à dégrader la représentation
vivante de la papauté, savez-vous ce que faisait la papauté ?
Elle inspirait Buonarotti, qui créait le Pensiero; Raphaël, qui
achevait le tableau de la Transfiguration ; André Contucci,
qui sculptait les bas-reliefs de la chapelle de Notre-Dame de
Lorette ; Marc-Antoine, qui dessinait le Jugement de Paris,
Ces images valent bien celles des artistes de Nuremberg !
                                                  AUDIS.
  ( i ) San du musst