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46 — Vilaine bête, veux-tu bien marcher! au concile, au con- cile (1)! Il fallait bien raconter ces prodigieuses imaginations du génie réformateur, si nous voulions donner une idée du Rire, dans l'une des représentations matérielles de l'art. L'historien ne saurait être blâmé, parce qu'il a soulevé, comme la fille de Loth, un pan de la tunique luthérienne. Serait-ce simplement pour dérider quelques fronts moroses, qu'il aurait étalé aux re- gards ces bouffonnes nudités ? A Dieu ne plaise ! L'histoire, cettefillede la vérité, porte aussi un miroir où Hulten apparaît avec son dialogue obscène, Luther avec ses causeries trempées de vin et de bière, Mélanchthon, avec sa légende comico- sérieuse, pour nous montrer jusqu'où peut s'abaisser l'intelli- gence qui n'écoute que sa colère ! Voyez combien la parole, ce beau don du Seigneur, a été par eux souillée ! En vérité, s'il est une ame qui dut rester pure, c'était celle de cet ado- lescent, qui porte dans l'œil, sur les lèvres, sur la figure, quel- que chose de raphaélique ; de ce professeur parfumé de lan- gue grecque, qui verse chaque jour à ses auditeurs le nectar homérique ; de cet hôte d'un monde idéal peuplé des di- vines ombres de Platon et d'Aristote ; du commensal d'E- rasme, de Sadolet, de la Rovère ! Pour plaire à je ne sais quelles exigences terrestres, pour amuser un peuple d'écoliers et de marchands, le voilà qui consent à jeter de la boue à la face de cette royauté spirituelle qui civilisa le monde ! Pendant qu'il s'étudie ainsi à dégrader la représentation vivante de la papauté, savez-vous ce que faisait la papauté ? Elle inspirait Buonarotti, qui créait le Pensiero; Raphaël, qui achevait le tableau de la Transfiguration ; André Contucci, qui sculptait les bas-reliefs de la chapelle de Notre-Dame de Lorette ; Marc-Antoine, qui dessinait le Jugement de Paris, Ces images valent bien celles des artistes de Nuremberg ! AUDIS. ( i ) San du musst