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              De tonflambeaula clarté pure
              Me guide au temple où la nature
              Cache ses augustes trésors.

              Grand Dieu ! Quel sublime spectacle
              Confond mes sens, glace ma voix!
              Où suis-je? Quel nouveau miracle
              De l'Olympe a changé les lois?
   Avec Gilbert, nous nous abstiendrons de citer : car tout le
monde a présents à la mémoire les plus beaux vers de son ode
sur le jugement dernier. Le choix seul du sujet suffît pour ré-
véler le poète lyrique essentiellement religieux, et de plus, à
côté de certains défauts qu'un talent plus mûr, un goût plus
éclairé eussent fait disparaître, on y voit briller des beautés
nombreuses qui témoignent de l'élévation de sa pensée et
môme de son exaltation. Enfin, qui n'a pas pleuré à ce ta-
bleau pathétique de ses adieux à la vie, où le sentiment d'une
tendre piété vient adoucir l'amertume d'une douleur si déchi-
rante?
   Poète malheureux aussi, mais mieux doué de la nature,
André Chénier a transmis à la postérité des odes et des hymnes
où l'on reconnaît le digne fils d'une femme qui avait vu le jour
sous le beau ciel de !a Grèce. Aux inspirations antiques qu'il
puisait dans le sang, il sut allier encore un véritable amour,
un dévouement sans bornes pour sa patrie adoptive. Aussi ses
odes respirent-elles tout à la fois un sentiment exquis de l'an-
tiquité qui leur donne de la douceur et de l'harmonie, et un
parfum de patriotisme, de nationalité qui agrandit ses pensées,
qui anime d'une chaleureuse vigueur ses nobles accents.
   Arrêtons-nous devant cette Révolution française, si belle
dans son principe, si hideuse dans ses moyens d'exécution, qui
passa sur la terre comme une tempête de l'Océan débordé, et
brisa longtemps en France les ailes de toute poésie. Revenons