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 cle, et que, par cet artifice, les questions'des suppliants se traits*
 mettant plus fidèles, les réponses de la divinité revenaient plus
 imposantes. Dans la suite, ce séjour, abandonné par les prêtres,
 put devenir la prison des condamnés. Là, comme au fond des antres
 Latomies, furent jetés par milliers les prisonniers athéniens après
 la défaite de Démosthènes et de Nicias au bord de l'Erinée et de
l'Asinarus; là, périrent les ennemis de Denis et d'Agatocle, les
proscrits de Verres ; là, blanchirent les ossements des confesseurs
chrétiens.
   On ne saurait dire la sinistre apparence de ces carrières, tom-
 beaux toujours ouverts et toujours infranchissables ; leurs parois,
où l'œil suit encore la trace douloureuse du ciseau, se cachent mal
sous les mousses et les capillaires. Au milieu s'élève un roc détaché
qui porte un reste de muraille, et les corbeaux qui s'y abritent tour-
nent en criant comme pour demander encore leur proie. Partout les
mêmes aspects. De la glorieuse capitale où Hiéron rassemblait au-
tour de lui Epicharme, Simonide, Eschyle et Pindare; de la patrie
d'Archimède et de Théocrite, de celle que Cicéron appellait la plus
 belle des cités helléniques, il ne reste plus qu'un deuil universel.
Du haut du château de Labdalus, dont les blocs cylopéens défient
 encore l'effort des siècles, on ne découvre au loin qu'un sol blanchi
 par les décombres, les fondations des édifices perçant la terre sans
s'élever au dessus, à peine deux colonnes d'un temple debout sur
les rives déshonorées de l'Anapus. Mais, surtout et de toutes parts
des sépultures taillées dans le roc, creusées aux bords des chemins,
quelquefois décorées de quelques débris de sépulture, toujours at-
testant le règne de la mort. A la vue de cette désolation comparable
à celle de Tyr et de Babylone, on voudrait avoir ou les paroles d'I-
saïe pour la décrire ou les larmes de Jérémie pour la pleurer.
   Un destin moins rigoureux a pesé sur Agrigente. Rivale de Sy-
racuse et redoutée de Carthage, elle était assise au penchant des
montagnes qui forment la côte méridionale de l'île et sur un plan
incliné vers la mer d'Afrique. Le rocher, taillé à pic à une prodi-
gieuse profondeur, lui formait une muraille naturelle. Au dessus
et tout autour étaient rangés les tombes des héros et les sanctuaires
des dieux. C'était une coutume amique de placer ainsi au poste de