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465 se refléter dans toutes les époques historiques et littéraires de l'Angleterre. Chaque époque, marquée par de grands noms, trouve en eux des représentants de mœurs, de principes, de croyances, de nationalité différentes. Ainsi, au début du moyen-âge, nous voyons les druides et les bardes investis dans la Grande-Bretagne, encore celtique, de fonctions sacerdotales et religieuses, gouverner par leurs enseignements, exalter par leurs chants guerriers les peu- plades sauvages des Bretons, des Calédoniens, des Hiberniens, et les exciter à une défense opiniâtre contre les attaques de l'ambition romaine. Ces peuplades, en partie soumises, en partie décimées par le fer, réduites à leurs propres ressources lorsque Rome rappelle ses légions, tournentleurs armeslesunes contre lesautres, et sontréduites à implorer le secours et à subir le joug des Saxons. Toutefois cette assimilation violente ne se fait pas sans de cruelles épreuves, et, au sein de la mêlée sanglante, s'élèvent les premiers chants transmis jusqu'à nos jours. Les bardes celtiques du sixième siècle, Taliesin, Aneu- rinel l'enchanteur Merlin (enchanteur parce qu'il était poète, comme Virgile est magicien SNaples), ontlaissé des traditions et des maximes distribuées en mystérieuses triades. Des chants populaires pleins de verve, des fragments de poèmes pleins d'éclat, composés sans doute par divers bardes dans des cir- constances mémorables, sont attribués à Oscen ou Ossian, personnage demi-fabuleux, aussi vague, souvent aussi sublime que les nuages lumineux de son Olympe. Mais le véritable héros de cette époque, à la fois mystique et guerrière, où la force brutale et la chevalerie, les rêves païens et le christia- nisme, se heurtent et se confondent dans un délirant enthou- siasme, est Arthur, prince de Galles, peu connu dans sa vie, mais devenu après sa mort le type complet d'une épopée, le roi divinisé d'une cour toute fantastique, dont les exploits remplissent les romans et exaltent les esprits du moyen-âge. 30