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   Un peuple plus sérieux, plus positif et d'une trempe plus so-
lide, s'avance dans le siècle suivant sous les bannières des sept
rois de l'heptarchie. Déjà maîtres de la Grande-Bretagne
depuis plusieurs centaines d'années, les Angles et les Saxons,
victorieux dans la lutte qu'ils ont soutenue contre les Bretons
de Galles, convertis sans peine au christianisme parleur fusion
avec les vaincus, sentent se réveiller dans leur ame un goût
prononcépourles études, et, de hardis et turbulents pirates, de-
viennent des savants et des docteurs. Quelques Å“uvres d'ima-
gination marquent le commencement de leur carrière ; la
cosmogonie de Cœdmon, le poème héroïque de Béowulf, rap-
pellent les traditions Scandinaves, ces traditions si fortes et
si vivaces qui dominent toutes les régions du nord ; mais le
fond de la littérature anglo-saxonne se résume en chroniques,
en commentaires, en dissertations scientifiques et religieuses
décorées des noms illustres de Bède, d'Erigène et à'Alcuin,
que Charlemagne appela à sa cour pour instruire et civiliser
son empire. L'invasion même des pirates danois, en apportant
aux états de la Bretagne un nouvel élément d'énergie, n'étei-
gnit point cette ardeur studieuse qui distingue les tribus ger-
maniques. Alfred-le-Grand, Canul-le-Grand, glorieux re-
présentants de cette période, savent manier à la fois l'épée et
la lyre, savent vaincre leurs ennemis et adorer leur Dieu,
avec cette piété calme et sincère dont ils nous ont transmis
l'expression.
   Ce sentiment exagéré et méconnu par les successeurs de
ces grands hommes, amène l'affaiblissement de la monarchie
sous la lourde domination des moines ; la race anglo-saxonne
a fait son temps, et Guillaume, à la tête de ses Normands de
France, corsaires plus intrépides, plus indomptables, plus
aventureux que tous leurs devanciers, a conquis dans une seule
bataille tous les royaumes réunis par Egbert. Cette nouvelle
race guerrière, fanfaronne, plus occupée de récils que de