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464 liers de victimes, mais assurée à chaque mélange de peuples, à chaque agglomération d'intelligences dans la proportion de leurs éléments divers, de sorte que les nations les plus éprou- vées parles combats, les invasions, les catastrophes, sont aussi celles où les germes les plus nobles se sont développés avec le plus de force, où l'étincelle du feu divin a produit les plus vives clartés ! Quelle nation moderne pourrait, après la nôtre, se vanter d'une origine plus complexe, d'un accroissement plus labo- rieux et plus pénible, et d'une plus grande accumulation de peuples se heurtant, se déchirant les uns les autres, et pui- sant dans cette étreinte homicide une vie et une énergie nouvelles, que la nation anglaise dont je voulais parler et que je crains d'avoir oubliée trop longtemps? Les deux îles de la Grande-Bretagne, séparées du reste du monde par un détroit et une mer orageuse, ces îles que les Romains eux-mêmes contemplaient avec une secrète terreur, ont successivement reçu dans leur sein les émigrés de tous les siècles; et chacune de ces émigrations joncha leurs plaines de sang et de carnage. C'est à travers mille bouleversements qu'elles ont marché vers leur grandeur actuelle. Aux horreurs des invasions barbares ont succédé les guerres étrangères, aux guerres étrangères, les guerres civiles, aux guerres civiles, les dissensions religieuses, à celles-ci des luttes nouvelles, provo- quées par l'ambition ou par la crainte ; et au milieu de ces fluc- tations terribles, plus destructives que celles de l'Océan, la langue anglaise, composée de cinq langues, le peuple anglais, composéde dix peuples, les lois anglaises, extraites de vingt codes, la littérature anglaise, bigarrée de mille couleurs, ont grandidansune proportion telle qu'ils occupent maintenantdans le monde une de ces places privilégiées que la France seule, et l'Italie peut-être, sont en droit de leur disputer. Aussi voyons- nous cette origine variée, multiple, inconciliable en son essence,