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été cultivé par les plus beaux génies des peuples anciens et mo-
dernes, et c'est celui dont l'étude offre le plus de charmes. Exa-
minons quelle a été sa nature et sa destinée en France ; étu-
dions ses différents caractères et ses transformations variées,
dans les poètes les plus éminents de la littérature française.

   On sait que notre littérature a subi bien d'étranges desti-
nées ; notre constitution littéraire a été lente à se former aussi
bien que notre constitution politique. Notre patrie a entendu
les échos de ses montagnes résonner tour à tour des chants des
Bardes gaulois et des vingt mille vers de leurs Druides, puis
des sons de la poésie latine, fleur déjà fanée implantée violem-
ment par l'épée de Jules César dans une terre étrangère, puis
enfin des chansons des trouvères et des troubadours. Avec les
trouvères apparut le roman wallon, premier germe de cet
idiome particulier qui devait plus tard s'appeler la langue fran-
çaise. Passons rapidement sur les différentes vicissitudes de ce
nouveau langage national; laissons-le se développer aveclenleur
dans les chansons, virelais, sonnets, ballades, etc. pendant les
XIIe, XIIP et XIVe siècles ; nous ne trouverons là que d'élé-
gants badinages de l'esprit, le bégaiement encore informe d'une
langue dans l'enfance, et arrivons promptement au XVe siècle
où brillera peut-être quelque chose qui approche de la poésie
lyrique.

                               1.


   Sans doute il n'y a dans les ballades, rondeaux et com-
plaintes de cette époque, ni élévation ou profondeur de pensées,
ni mouvements impétueux et enthousiastes. Ce sont, en
grande partie, de gracieux amusements de l'imagination; ce
sont presque toujours des chants d'amour et de joie qui respi-